"L'habit ne fait pas le moine!"

"Pater noster, qui es in caelis sanctificetur nomen tuum..."

Un dimanche matin dans l'église de la ville sainte d'Urua. Un dimanche comme tous les autres. La procession de moines avançait avec une lenteur agonisante jusqu'à l'autel en récitant des prières en latin pour marquer le début de la messe. Tous avaient enlevé leurs cagoules par respect envers sa sainteté Le Roy et pour obtenir sa bénévolence et sa bénédiction.

"...adveniat regnum tuum fiat voluntas tua sicut in caelo et in..."

*Attends,comment diable je suis arrivé jusqu'ici?*

Le dernier moine de la procession, un homme dans la fin de la vingtaine, aux cheveux d'un blond peu lustré et à la démarche féline, semblait regarder du coin de ses yeux verts son entourage. Ses lèvres remuaient au rythme de la prière, mais aucun son ne sortait de sa bouche. À vrai dire, ce jeune homme n'avait pas la moindre idée de la signification du charabia récité en groupe. La plupart des croyants assis sur les bancs non plus, d'ailleurs.

Le moine, qui en fait n'en était pas réellement un, mais plutôt un vulgaire pirate vaincu qui cherchait des informations croustillantes au sujet des activités du clergé pour aller nourir l'oreille de son patron le roi, commençait à sentir une sueur froide dans la nuque lorsqu'il se rendit compte que chaque moine récitait un passage de la prière, et que le peuple répétait chaque phrase en choeur.

*Merdre... Ils vont savoir que je ne suis pas un vrai moine si je ne dis rien... Réfléchis, Hachi, réfléchis!... ah, pourquoi a-t-il fallu qu'un moine vienne me chercher à la bibliothèque pour m'obliger à faire partie du défilé? Attends, il y a un truc que mon vieux pote m'a...*

Enfin vint son tour. Hachi cracha une phrase qu'un ancien compagnon du Fléau lui avait dicté; c'était un intellectuel qui avait passé une bonne partie de sa vie le nez dans un bouquin, alors ça ne pouvait pas être trop bête...

"Draco dormiens nunquam titillandus.Veni, vidi, vici. Amen."

Le peuple répéta ses paroles sans broncher. Peut-être était-ce une variation de la prière qu'ils pourraient réciter avant d'aller se coucher pour dormir dans la grâce de roi. La plus grande partie des moines, quant à eux, dévisagèrent le "dernier moine". Certains étaient amusés. D'autres, plus orthodoxes, étaient choqués. Mais tous étaient surpris. Hachi comprit qu'il venait tout juste d'attirer l'attention... ce qui était une chose assez mauvaise...

*Merdre...*


...à moins d'avoir une chance phénoménale, comme celle de s'être assis devant l'autel, aux côtés d'un vieux moine, qui lui murmura à l'oreille:

"Héhéhé. Moi aussi je m'amusais à faire des blagues pendant la messe quand j'étais novice... mais j'espère pour toi que Mère Ismeraude sera clémente avec ta pénitence. Elle est devenue plus stricte depuis l'attaque des pirates, il y a un an..."

Il n'y eut pas d'autres incidents pendant le reste de la messe. Cependant, après la cérémonie, alors que Hachi tournait le dos à l'autel pour sortir (si possible, le plus vite possible) de l'église, une main vint se poser sur son épaule et le retint.

*MERDRE!!*

Hachi garda son air serein de moine et se tourna vers l'individu qui le retenait...


[Voilà ce qui arrive lorsqu'on est un insomniaque qui n'en peut plus de son travail d'école... =_=;

Ce sujet est libre à tous! Et les merdres ne sont pas des fautes d'orthographe... Draco Dormiens Nunquam Titillandus est la devise de Poudlard "Ne chatouillez jamais un dragon qui dort" et j'espère ne pas avoir à dire d'ou vient le Veni vidi vici.... Avé!]

Medea avait les doigts entrelâcés, priant avec ferveur - comme toujours - pour se repentir.

*Oh, mon Roy! Pardonnez mes péchés! Pardonnez moi pour le sang que j'ai versé dans la nuit d'hier! Ne me soumettez plus à une pareille tentation: je suis entièrement dans votre grâce!*

En effet, la nuit passée, Medea avait cédé à l'une de ses crises de sadisme. En regardant par la fenêtre de sa petite cellule de la paroisse, elle avait vu une prostituée, revenant sûrement d'une aventure avec un client. Ne pouvant résister à éliminer cette tache, cet être vivant dont le souffle était un blashphème, tant il polluait la pureté des êtres croyants, Medea avait agrippé son arbalète et, par sa fenêtre, avait froidement tiré. Comme à l'habitude, elle n'avait pas raté sa cible: la flèche découchée avait percé la rotule de la jeune femme. Ensuite, Medea était sortie par sa fenêtre, se glissant silencieusement auprès de la blessée, armée d'un de ses fidèles poignards, et...
En bref: ce fut un bain de sang.

Alors qu'elle priait pieusement, Medea entendait le doux murmure saint de la procession de moines. Elle adorait les mots doux dictés à la religion par le Roy. Soudain

''Draco dormiens nunquam titilandus. Veni, vidi, vici. Amen!''

Medea releva la tête si soudainement qu'elle s'en craqua presque le cou. À la fin de la procession, elle découvrit le moine crétin qui avait prononcé ces paroles blasphématoires. Ses paroles résonnaient encore contre les arches de l'église. Un silence tendu se fit entendre pendant quelques secondes avant que le peuple croyant - ignorant surtout! - ne répéte en coeur ces phrases aléatoires.

Medea fixait le moine blond et bouillonnait de rage, bien que cela paraissait à peine (sauf pour une étrange lueur dans ses yeux). Comment osait-il se moquer d'une sainte procession? Il contaminait ce lieu de prière par sa simple présence. Medea se devait de faire quelque chose... Une petite leçon afin qu'il ne recommence pas...

Medea respira à fond et patienta. Elle observa froidement la messe, prononça religieusement ses prières et tint le coup jusqu'à la fin de la cérémonie. Par contre, dès le dernier ''amen'', la jeune fille se leva et se précipita aux trousses du moine blond impertinent. Elle lui mit rudement une main sur l'épaule et le tira quelque peu vers l'arrière. D'une voix sombrement livide, elle dit:
''Attends une minute! Ne pars pas si vite!'' Elle affichait un sourire insipide, sarcastique... dangereux. Quelqu'un qui la connaissait aurait su que son expression ne dit rien qui vaille. "J'amerais discuter avec toi," poursuivit-elle, son ton excessivement mielleux. "Si ça ne te dérange pas trop."
Medea plongea ses yeux turquoises dans les yeux verts de Hachi. Elle cru déceler un soupçon de malaise dans son regard... peut-être était-ce parce que son propre regard reflétait une lueur terriblement malsaine...

[C'est pas la meilleure intro, mais on en comprend le sadisme de Medea! Bonne chance Hachi!! ]

''Attends une minute! Ne pars pas si vite!''

Ce furent deux yeux turquoises de jeune femme que vit Hachi en premier.
Il fit tout son possible pour garder sa façade de moine calme, mais il ne put réprimer un soudain retroussement de la lèvre supérieure du côté droit. Le faux moine conaissait trop bien ce regard; c'était le même que lui destinait l'ancien capitaine du Fléau, quand il était encore un morveux. Un morveux du même âge de la fille qui lui souriait sarcastiquement, mais un morveux quand même. Et, déjà à cette époque qui ne conaissait pas encore le nom de Hachi, il connaissait déjà ce regard.

C'est le regard de quelqu'un qui tue par plaisir.

Certes, ce n'était pas le regard qui perturbait Hachi. Lui-même avait déjà affiché ce regard, pendant les soirs de brouillard où il pillait, violait et tuait aux côtés de son équipage, qui avait également affiché ce regard. Cependant, chaque fois qu'il avait reçu un jeune matelot sur son vaisseau, Hachi lui-même s'assurait que le novice murisse un peu avant de l'envoyer aux pillages.

C'est qu'une jeune fille ne devrait pas afficher un tel regard, du moins, pas à cet âge...

"J'amerais discuter avec toi, si ça ne te dérange pas trop."

Ce fut son ton mielleux à en donner la nausée qui finit de sortir Hachi de sa zone de confort. Il n'avait pas détaché son regard des deux orbes turquoize malsaines, mais il était conscient du mouvement de recul de tous les moines qui étaient assez près pour entendre les paroles de Medea.

*Donc c'est vraiment quelqu'un de dangereux...*

Hachi était à présent prêt à bondir; il était même conscient de chaque mouvement musculaire, volontaire ou pas. Néanmoins, il garda son air de moine impertinent, et enleva la main qui oppressait son épaule avec une fermeté qui aurait pu intimider n'importe qui en affichant à nouveau son sourire nonchalant.

Seulement, cette fille n'était probablement pas n'importe qui.

"Que va-t-il m'arriver si je préfèrerais aller confesser mon blasphème à la procession plutôt que de discuter avec toi?"

Seulement, Hachi non plus n'était probablement pas n'importe qui. Et c'était son propre regard que les yeux turquoize malsains réflétaient à présent.

Le regard de quelqu'un qui sait ce que c'est que de tuer par plaisir.
Après tout, Hachi était un pirate; tuer avec plaisir est la meilleure façon d'accepter ses actions, bien que cela nécéssite beaucoup d'efforts pour ne pas se briser.


[Je me suis dit qu'il fallait bien une raison à son ancienne réputation de "le diable en personne dirigeait le Fléau des Dieux...]

[Désolée!!! je sais que j'ai pris du temps à poster, mais PHILO est un vrai work out !!!!! Ça m'a trop fait suer!! En tout cas, c'est finit à vie maintenant, je devrais poster plus souvent! ^^]

Pendant un instant, les yeux froids et étrangement brillants de Medea restèrent sur le regard de Hachi - lui aussi affichant un regard de meurtrier. Ses yeux turquoises se reflétaient dans les yeux verts de Hachi... elle n'aurait su dire si le reflet sadique qu'elle y voyait était le sien, miré dans les yeux de son interlocuteur, ou si c'était ce dernier qui avait une pareille lueur dans ses yeux. Enfin, ce qui comptait, c'était cet amour pour le sang et la violence, non? Tant qu'il y en aura, Medea serait comblée...

*Quoiqu'il faudrait peut-être sortir de l'Église pour tuer cet impertinent...! Le Roy me pardonne tous mes péchés, mais tuer dans sa maison serait un péché trop grave pour un jour obtenir le pardon!*

Medea soupira discrètement, de manière à ce Hachi puisse à peine s'en apercevoir. En fait, c'est surtout l'expression étrange qu'elle affichait qui se faisait remarquer: bien que ses yeux demeurèrent froids et noyés dans un éclat de cruauté, son visage était contracté et ses lèvres faisaient la moue... Elle ressemblait beaucoup à un enfant qui boude avec une expression pareille (si l'on oubliait le sadisme incontestable). Elle boudait souvent lorsqu'elle réfléchissait. Qu'elle le veuille ou non, Medea ne pouvait pas nier qu'elle était encore une enfant, bien qu'elle considérait avoir perdue son enfance à l'âge de neuf ans, la nuit dans laquelle elle avait sauvagement poignardée et décapitée ses parents...

Inconsciemment, Medea caressait tendrement du bout de ses doigts les contours du poignard qu'elle avait caché dans sa robe. Elle n'était pas supposée apporter des armes à l'Église, mais, en tant que tueuse personnelle du clergé, elle se permettait de faire fi de cette règle stupide! D'ailleurs, si elle ne se permettait pas quelques exccès, qui se débarasserait des taches sales comme ce moine prétentieux?

"Que va-t-il m'arriver si je préfèrerais aller confesser mon blasphème à la procession plutôt que de discuter avec toi?" demanda le moine impertinent.

Medea sortit de sa rêverie vague comme si elle avait reçue un choc. Ses yeux semblaient briller de plus belle. Sa moue disparut aussi... seulement pour céder la place à un sourire plein de sous-entendus. Ce sourire était cruel, moqueur, sarcastique, et il contenait même une pointe de sincérité (car Medea adorait le sang qui allait bientôt gicler)...

L'un des moines aperçut ce sourire empoisonné. Il affichait une expression incroyablement appeuré. Tendant les mains vers elle, il balbutia: "Medea, pas ici! Tu sais que tu ne peux..."

Sa voix mourut dans sa gorge et il blêmit d'un coup. C'était come si son âme s'était envolée. Seules les sueurs froides sur son front permettaient de savoir qu'il était encore vivant.

En effet, Medea, sans tourner la tête, avait simplement laissé glisser ses yeux turquoises sanguinaires dans la direction du petit moine. Sans dire un mot, elle lui fit comprendre sa pensée. *Dégage tout de suite! Un petit garçon à maman ne devrait pas voir ça! Ça ne sera pas joli, je te promets! Un mot de plus, et tu seras ma première victime!*

Le moine tourna les talons et, émettant un petit gémissement, s'éloigna au pas de course. Medea laissa alors ses yeux draconiens glisser de nouveau vers Hachi. Ce dernier lui prit la main qu'elle avait posée sur son épaule et la retira avec une force imposante.

Medea se mit à rire. Ce rire était horriblement impitoyable! Une jeune fille ne devrait pas rire comme ça...

Pendant plusieurs secondes, Medea maintint son rire sardonique. Lorsqu'elle reprit le contrôle sur elle même, elle regarda Hachi, le plaisir sur son visage indéniable.

"Je crois qu'on va s'amuser toi et moi! Tu ne comptes quand même pas aller te confesser et t'emmerder au confessional si tu peux te battre...? Ça se voit dans tes yeux!"

[Aie! C'est vraiment long! Désolée! Si je te coupe de toute inspiration, lapide moi! Et trouve quelqu'un pour empêcher le bain de sang! XD ]

La jeune fille fit une moue d'enfant capricieux qui faillit faire sourire Hachi--qui sait comment la jeune fanatique aurait réagi en le voyant sourire. Soit était contrariée, soit elle était en pleine réflexion... Lorsque le vieux moine indulgent qui s'était assis à côté du pirate pendant la messe vint s'interposer entre la nonne et le faux moine.

"Medea, pas ici! Tu sais que tu ne peux..."

Medea (ça devait être son nom) foudroya le pauvre homme du regard; ce dernier comprit parfaitement ce que les yeux turquoise étaient en train de lui dire, et s'enfuit comme un gamin sans demander son reste. L'attention de la fille revint à Hachi, avant qu'elle ne se mette à rire. Ce bruit mit le pirate légèrement mal à l'aise. Ça ne dura qu'un instant.

"Je crois qu'on va s'amuser toi et moi! Tu ne comptes quand même pas aller te confesser et t'emmerder au confessional si tu peux te battre...? Ça se voit dans tes yeux!"

*Hé merdre... Cette gamine est une folle sadique qui veut se battre, et j'ai laissé mon épée au palais. Le p'tit roi ne m'a jamais dit qu'il y avait des fanatiques ici... Merde, y aurait fallu que je m'y attende. J'suis un idiot ou quoi?Je fais des erreurs de débutant, là!*

Hachi tâtonna discrètement dans une de ses poches. Peut-être qu'il avait un poignard, un couteau, même un canif de poche, n'importe quoi... Oui! Il avait quelquechose!! Il sourit, un petit sourire insolent, comme ceux qui mettaient Criquette et Lexichou en rogne. Son sourire était une réponse à l''invitation que lui offrait Médéa. Peut-être qu'il se risquait à un véritable massacre, mais pour le moment... il s'en foutait.

"Tu as un excellent sens de l'observation, mam'zelle... Medea, c'est ça? Voudras-tu que nous allions régler le cas de mon offense dehors? Je ne crois pas que tenter de me faire expier ici soit acceptable..."

Le moine fit son chemin vers les portes de l'église, suivi de près par Medea, ainsi que les regards inquièts des moines qui étaient restés témoigner de la scène. [HJ: je vais présumer que Médéa veut bien me suivre, pour pouvoir écrire la fin de mon post. Si ce n'est pas le cas, tu peux me le dire, et je vais le changer en conséquence... ^^;; ] Hachi put même entendre un jeune novice murmurer à son voisin:

"Il est mort."

Hachi franchit la porte d'entrée de l'église. Il se tint sur le parvis, entendit Médéa qui sortait à son tour. Le pirate prit une grande respiration.

*Un, deux, trois...*

Le faux moine se retourna brusquement, avec un air faussement scandalisé et terrifié, avant de crier assez fort pour que la moitié de la paroisse puisse l'entendre:

"Mais voyons donc!!! Ça ne va pas la tête?! Je ne ferais JAMAIS ÇA avec vous!! Ça briserait le voeu de chasteté, et pas même Roy ne pourra pardonner cet amour interdit!!!"

Hachi brandit le contenu de sa poche, un gant blanc, et gifla Medea. Les passants, du plus ignorant des gueux au plus savant des prêtres, restèrent tous bouche bée devant cette étrange scène. Le pirate, lui, continua son rôle:

"Vilaine!! Pécheresse!! Allez vous confesser pour ce blasphème impur!!"

Et Hachi descendit rapidement les marches du parvis, avant de se faufiler dans la foule qui s'était rassemblée devant cet étrange mélodrame. Les plus indiscrèts essayaient de ne pas rire de la nonne humiliée. Le pirate, lui, avait disparu.

Hachi n'aimait pas fuir un combat. Pour lui, c'était un signe de lâcheté. Mais son expérience lui avait dicté qu'il y avait des batailles qu'il fallait éviter, comme cet affrontement contre une jeune fanatique sanguinaire alors qu'il était désarmé. Il s'attirait sans doute le courroux de Médéa, mais peu importe.

Ce combat aurait été perdu d'avance, et le pirate aimait bien mieux se battre avec un pied d'égalité.

[Je m'excuse pour ma disparition prolongée; c'est que les exams, puis l'emploi, n'ont pas été de tout repos... d'autant plus que ma réserve d'idées a été temporairement à sec. =__=
Je remercie à Selena pour son idée du cunni (je m'en suis inspiré! XD) et à Medea pour sa patience et pour nos discussions inspirantes! Je m'excuse également pour les gifles, mais là Médéa a une raison pour hair Hachi (mon Dieu, il ne fait que s'attirer des ennuis, celui-là!! XDD )
Enfin, c'était la fuite de Hachi, sans violence, arachides ou tout autre allergène! XD
Allez, je vais aller me coucher, j'en ai besoin!]

[lol! que trop lol! j'adore ce post! bien que Medea, elle-même, risque de ne pas être contente! X3 ]

Medea scrutait attentivement les mouvements du moine impertinent et impie. Il semblait chercher quelque chose dans ses vêtements. Le peu de moines qui restaient aux alentours, eux, ne pouvaient pas le voir, mais Medea s'en était rendue compte, puisque le type blondinet bougeait son coude - signe distinctif de quelqu'un qui fouille dans sa poche.

Medea sourit et ne fit que serrer les doigts autour du manche de son fidèle et merveilleux poignard, qui allait briller de façon magnifique - argent et rouge rubis - d'ici quelques instants! Medea songea avec délice ce qu'elle pourrait bien faire à ce frocard écervelé qui avait le culot d'insulter l'Église du Roy entière, et ce, même durant une procession. Il faisait honte à la nation Uruanne, mais il ne semblait pas réaliser jusqu'à quel point il en était ainsi.

Medea dut se retenir pour ne pas sortir son poignard immédiatement et se mettre à attaquer l'homme gênant en pensant à tout ce qu'elle pourrait lui faire... Lui entailler les bras d'abord? Ou peut-être le blesser aux pieds pour ne pas qu'il puisse fuir?... Les genoux! Ah, les genoux et les coudes étaient les endroits favoris de Medea: tellement nécessaires et, pourtant, tellement sensibles...! [ ]

C'est alors qu'un sourire insolent, confiant se dessina sur le visage du monial blond. Un sourire qui ne voulait dire qu'une chose...

"Tu as un excellent sens de l'observation, mam'zelle... Medea, c'est ça? Voudras-tu que nous allions régler le cas de mon offense dehors? Je ne crois pas que tenter de me faire expier ici soit acceptable..." dit-il.

Medea sourit. À quelqu'un qui ignorait son comportement sadique, ce sourire aurait semblé très charmant. C'était le sourire d'une jolie jeune fille à laquelle on venait de faire un énorme plaisir... Mais, chez Medea, un aussi beau sourire n'avait rien d'adorable!

Medea, sans dire un mot, fit un signe de tête au moine qui avait - il fallait au moins lui donner ça - le courage de lui tenir tête. Il pouvait mener le chemin jusqu'à l'extérieur - elle lui laisserait ce dernier honneur. Au moins, peu avant sa mort prématuré, il aurait put croire qu'il avait le contrôle...

En suivant le moine, Medea entendit quelques uns de ses confrères chuchoter ''il est mort.'' Oh! Comme ils avaient raison! Ils n'en avaient aucune idée! En songeant à la mort qui approchait, Medea commença, doucement, tendrement, amoureusement [et oui, vous avez bien lu!] son poignard de sa robe.

Mais elle n'eut jamais le temps de s'en servir. À peine le soleil brillant du dehors lui avait-il éclairé le visage qu'un cri scandalisé retentit.

Medea fut très surprise de voir l'air positivement scandalisé du moine blond, qui semblait en état de choc comme quelqu'un ayant vu un fantôme. Elle en oublia presque les mots grotesques qui accompagnaient l'air estomaqué du moine blond.

"Mais voyons donc!!! Ça ne va pas la tête?! Je ne ferais JAMAIS ÇA avec vous!! Ça briserait le vœu de chasteté, et pas même Roy ne pourra pardonner cet amour interdit!!!" hurla-t-il, attirant l'attention de tous ceux alentours.

Medea sentit la colère et l'embarras lui monter au visage. Son poing qui s'était refermé sur son poignard tremblait de rage et Medea essaya tant bien que mal de retenir la vague meurtrière qui surgit en elle.

Il fallait qu'elle réagisse! Qu'elle le fasse taire! Maudit moine! Peu importe le péché! Ça ne pouvait pas être un péché de tuer un homme pareil!!! La lame de Medea était presque entièrement sortie de sa robe.

Mais elle n'eut jamais le temps de réagir. Un gant blanc, tiré de la poche du moine, la fouetta au visage.

Medea sentit un pincement cuisant sur sa joue qui commençait à se teinter de rose suite à la gifle. Elle pressa une main contre cette joue, dans l'espoir vain de la refroidir. L'endolorissement de son visage était brûlant et, pendant un instant, il semblait presque que la douleur s'étendait jusqu'aux pensées de Medea... Mais cela était impossible: Maeve ne se laisserait pas descendre aussi facilement... n'est-ce pas?

Pour Medea, le monde s'était arrêté de tourner. Sa joue raide et rouge et son embarras étaient les seules choses dont Medea était consciente. Les quelques personnes autours, qui observaient Medea dans son état de choc total et qui, çà et là, esquissaient des sourires narquois, allaient tous le lui payer un jour. Medea se le jurait! Son choc dépassait les limites de la raison, et Medea resta réellement figée devant l'Église pendant presque cinq minutes...

Lorsqu'elle reprit le dessus de ses émois, le moine avait disparut. Il s'était faufilé le Roy sait où, laissant Medea seule avec cette humiliation cuisante. Ce moine aurait fait bien de prier tous les soirs, car, si jamais il rencontrait Medea de nouveau, il allait le lui payer... le lui payer très cher!!

Comme un coup de vent, Medea tourna les talons et se précipita à l'intérieur de l'Église, fermant la lourde porte derrière elle avec un claquement violent. Elle allait en parler à Mère Ismeraude. Oh que si! Elle allait en entendre parler, de l'insubordination de certains moines impurs!! Et Medea allait s'assurer d'avoir le droit, en toute légalité, de liquider de bon à rien...

[Voilà... pas trop souffrant et long à lire, j'espère! ^^;]