Cambriolage

[Holà! Il faut pas que le forum meure!!
PV Selena]

Clic clic clic.... clac.

Il faisait encore jour lorsque Steinbeck décida de se mettre au 'travail'. Après quelques années de cambriolages, de vols de coffres-forts et de crochetages de serrures, il avait remarqué que parfois il valait mieux entrer chez ses riches cibles (bientôt à devenir de pauvres victimes, surtout en cette ère où les assurances n'existent même pas dans les esprits des gens), car plusieurs d'entre elles ne revenaient qu'à la tombée du jour. En plus il s'épargnait le besoin d'apporter une lanterne.

Voilà ce qui expliquait pourquoi il venait de crocheter la serrure de la demeure du ménage Rostand-Mussolini. Il entra silencieusement dans les vastes appartements, les yeux allumés par une étincelle de malice et de cupidité. Steinbeck, pirate indépendant, cambrioleur et naturel humoriste (selon les dires d'autrui), avait fait ses recherches avec une application étonnante. Ses cibles du jour étaient Olivier Rostand (à moins que ce ne soit Roland), bijoutier et orfèvre, ainsi que sa fiancée, Selena Mussolini, fille du grand bourgeois Giacommo Mussolini, dotée d'un grand héritage et de connections avec l'aristocratie et le clergé. Toutefois, le vieux pirate n'avait pas réussi à trouver le pourquoi de ces connections--le travail de médecin royal est un secret auquel la population n'a pas accès. Mais Steinbeck s'en contrefoutait; qui dit connections dit argent, et ça lui suffit.

Steinbeck, muni de deux sacs--l'un contenait ses outils, l'autre se remplissait au fur et à mesure qu'il trouvait de beaux et chers bibelots sur son chemin-- finit par se rendre à la chambre de Roland (ou Rostand, peu importe). Il s'exclama en trouvant le jackpot: un coffre-fort était aux côtés du lit; il n'arrivait pas plus haut qu'aux cuisses du cambrioleur.

Steinbeck déposa son butin et ses outils, s'agenouilla et observa le coffre. Acier, portes épaisses, serrure à combinaison de cinq chiffres... Haha. Rien qu'il devait considérer comme un grand obstacle. Néanmoins, il jeta un regard furtif à la fenêtre. La lumière commençait à prendre des teintes rosées; le soleil allait se coucher. Il sortit de la poche de sa veste sa montre à gousset. Cinq heures. Déjà. Il allait avoir besoin d'une dizaine, peut-être même une vingtaine de minutes pour ouvrir le coffre... À moins qu'il n'essaie de briser un record?

Le cambrioleur saisit ses outils de prédilection--un levier pour arracher la partie externe de la serrure, des minuscules épingles pour aligner les disques de la serrure interne et sa vieille loupe oculaire (un cadeau de Tonton pour ses 16 ans)-- et se mit à la tâche. Steinbeck avait beau être un ivrogne, un poivrot, un mari incompétent et peut-être même un moins que rien sans scrupules dans la hiérarchie des pirates (il eut le privilège d'entendre les rumeurs à son sujet après le jour où il décidea se faire passer pour mort et faire exploser tout son équipage, et il n'était pas réjoui par ce qu'il entendait), mais il pouvait au moins se permettre de se vanter de ses talents de crocheteur et de voleur...

Un dernier 'clic' lui indiqua qu'il avait enfin aligné tous les disques de la serrure du coffre. Steinbeck trépidait d'impatience de voir les merveilles qu'il trouverait dans le coffre; il tendit la main pour l'ouvrir...



"!!!"

Lorsque des pas approchant à vive allure lui indiquèrent qu'il n'était plus seul. Pris au piège, il figea, se retourna pour voir l'intrus (ou le maître de la maison) avec un air à la fois surpris et effrayé.

Et ce fut à ce moment précis que Steinbeck se souvint que sa montre à gousset n'était plus à la bonne heure depuis son escarmouche avec les ivrognes de chez Marina.

*Et merde...*

Tant qu'à minimiser les dégats, pourquoi pas offrir le calumet de la paix?

Steinbeck sortit de son sac 'butin' une bouteille qui se vendait à prix d'or, avant de sourire avec son air le plus innocent.

"Euh... Bordeaux?"

[Non c'est vrai, ça serait triste -_-]

Les journées de Selena se ressemblaient un peu toutes en ce moment. Elle passait la majeur partie de son temps entre le château royale, au chevet de la reine et dans son laboratoire à faire des analyses, lire des livres, faire des tests bref à chercher une explication quelconque à l'état de la reine. La santé de la reine en soit n'était pas si mauvaise que ça. Elle n'avait plus saigné depuis lors, semblait avoir recouvrer ses forces depuis qu'elle restait au lit et les seuls symptômes encore présents étaient ceux d'une grossesse classique. Quand à l'enfant, il semblait également en bonne santé. En tout cas il continuait de bouger, d'ennuyer sa mère et toute les analyses faites jusque là ne montraient aucun signe de maladie. Cependant mal gré tous ces faits encourageants restait un problème majeur. Que s'était il passé ? Et à cette question, notre médecin n'avait pour l'instant trouvé aucune réponse. C'était donc pour ça que la reine était toujours confinée dans sa chambre avec pour ordre de se lever le moins possible. Et pour ça que son humeur elle allait plutôt en s'aggravant.

Notre médecin sortie de son laboratoire contrariée. Cela empirait au fur et à mesure que ses recherches n'aboutissaient pas. Elle avait beau savoir qu'on ne pouvait pas tout trouver tout, tout de suite, elle n'aimait pas ça. Elle respira un grand coup, il ne fallait pas que son humeur se détériore. Regardant l'heure elle se dit qu'elle pourrait sans doute aller à l'église avant de retourner brièvement voir la reine. Il lui fallait donc se changer. Lorsqu'elle s'approcha de sa chambre elle entendit du bruit provenant de celle de son fiancé. Olivier devait être là. Sachant qu'elle ne le voyait plus beaucoup et que cela devait sans doute le peiner, surtout à une date si proche de leur mariage, elle se rendit donc dans la chambre de se dernier.

"Oliv..."

Sa phrase resta en suspens quand elle s'aperçut qu'il ne s'agissait nullement de son fiancé et encore moins d'un de leurs serviteurs. Elle resta à l'encadrement de la porte un peu interdite, ce n'était pas tous les jours que l'on avait affaire à un cambrioleur, en tout cas c'était la première fois pour notre bourgeoise. La réaction de celui-ci la surpris également. Et comme par un réflexe, elle répondit.

"Oui pourquoi pas. Je réservais ce vin pour une grande occasion et il me semble que pouvoir discuter avec son cambrioleur est un évènement assez rare vous ne trouvez pas ?"

Selena sourit presque tout en se traitant la seconde d'après mentalement d'idiote. Discuter avec le voleur, en voilà une grande idée ! Quoi que à bien y réfléchir, sa présence allait sans doute limiter les dégâts quand à la perte d'argent que pouvait engendrer le butin prélevé par ce "monsieur". Quand à parler avec lui, peut être arriverait elle à gagner du temps grâce à ça. Du temps pour quoi faire, elle ne savait pas trop encore mais elle trouverait bien, du moins elle l'espérait.

"Si cela vous tente, je vous propose donc de nous rendre dans le salon pour apprécier ce vin. Il me semble qu'une chambre n'est pas tout à fait approprié pour cela."

Elle ne s'était pas pour autant dégagé de l'encadrement de la porte. Elle avait trop peur que le voleur s'enfuit sans demander son reste.

"Oui pourquoi pas. Je réservais ce vin pour une grande occasion et il me semble que pouvoir discuter avec son cambrioleur est un évènement assez rare vous ne trouvez pas ?"

Eh?
EEEEH?!?

Ce fut au tour du cambrioleur de demeurer interdit. Elle acceptait?! La jolie jeune femme (eeenh... dommage qu'il soit trop vieux pour elle, sinon...) acceptait de boire du bordeaux avec son cambrioleur? Au fait... Pourquoi diable avait-il offert de trinquer avec elle, hein?!

*Steinbeck, t'es qu'un un imbécile....*

La donzelle sourit.

"Si cela vous tente, je vous propose donc de nous rendre dans le salon pour apprécier ce vin. Il me semble qu'une chambre n'est pas tout à fait approprié pour cela."

Steinbeck dévisagea la jeune femme qui bloquait la porte, visiblement en état de choc. En général, les petites bourgeoises se mettent à hurler en voyant un cambrioleur, dans le genre du " KYAAAAH!" avant de s'évanouir ou faire une stupidité du genre, pas carrément inviter les voleurs à son salon! Avait-elle un plan? Voulait-elle gagner du temps? Du temps pour quoi? Et pourquoi n'avait-elle pas pris plus de temps à venir, pour qu'il ait pu au moins voir ce qu'il y avait dans le coffre, hein?

Le pirate jeta un coup d'oeil furtif à la fenêtre de la chambre. Ce serait du suicide de se lancer par la fenêtre, et il doutait fortement qu'il y ait une barque où atterrir, comme à la dernière fois où il fut forcé de sauter par-dessus bord de son vaisseau. Il pourrait toujours briser la bouteille de...NON. Un aussi bon vin ne peut pas être gaspillé comme ça! Ce serait un sacrilège, une honte aux vignerons qui ont sué sang et larmes pour faire un aussi délicieux nectar!!!

.... Et ce fut au bout de cette réflexion mélodramatique que Steinbeck se rendit compte qu'il n'avait pas vraiment le choix de suivre la jeune femme.

"Euh... oui, pourquoi pas. J'avoue que ce serait vraiment pas approprié du tout de voir un homme et une femme boire toute une bouteille dans une chambre à coucher."

*Pas subtil, pas subtil du tout...*

Steinbeck toussotta. "Euhm... enfin... Mademoiselle Selena Mussolini, c'est bien ça?... Ne... ne vous en faites pas, je suis peut-être cambrioleur, mais j'ai quand même un certain sens de l'honneur."

Eh. Heh heh. Pourquoi avait-il l'impression d'empirer la situation?! De plus en plus embarrassé, Steinbeck se leva et sortit de son sac "butin" une paire de jolies coupes de cristal, l'air penaud, avant de suivre son hôte jusqu'au salon.

Il était évident qu'il était déjà passé par là. Le cambrioleur déposa le vin et les coupes sur une table basse. Il s'assied sur un fauteuil de cuir avant de tout servir. Le bordeaux était exquis, mais il n'était pas vraiment en mesure de l'apprécier avec tout ce silence plutôt accablant.

"............................"

"...Euhm.................. "

Steinbeck essayait désespérément de trouver un sujet de conversation.

"Z'avez-vous un passe-temps particulier?"

[Désolé d'avoir mis un peu de temps à répondre]

Selena ne répondit rien mais elle mettait fortement en doute le soi disant honneur du fameux cambrioleur. Quand on exerçait ce genre de profession on ne pouvait pas avoir d'honneur, c'était évident. D'ailleurs maintenant qu'elle y réfléchissait, il paraissait évident qu'il n'allait pas rester là comme il l'avait dit à boire du vin en sa compagnie. Il allait forcément profiter de l'occasion pour s'éclipser avec son butin. Et si elle se mettait à courir immédiatement dehors pour alerter les autorités ? L'idée fit son petit bout de chemin, elle avait toujours aimée courir étant petite et si elle le faisait moins à présent c'était uniquement à cause de son statut. Mais rien ne lui garantissait que l'homme ne courait pas plus vite qu'elle. Même s'il paraissait un peu âgé et pas en très bonne forme, il devait avoir l'habitude de s'enfuir vu son métier non ?

Qu'elle ne fut donc pas sa surprise en voyant qu'il l'a suivait tranquillement jusqu'au salon où il s'installa en face d'elle. Selena ne comprenait plus rien du tout. Pourquoi il ne s'enfuyait pas ? Avait il encore quelque chose à récupérer ? Le butin qu'il avait obtenu ne lui suffisait-il donc pas ? A moins que ce soit elle qui l'intéresse ? Tout à coup la jeune bourgeoise s'était souvenue d'une anecdote que lui avait raconté Lison, une de ses connaissance. Elle avait été victime d'un cambriolage et l'une de ses servantes qui en avait été témoin avait été "violentée". Lison bien entendu avait clamée haut et fort que c'était la faute de cette dernière et qu'elle avait sans doute du faire quelque chose pour que cela lui arrive. Notre médecin n'était pas de cet avis bien sur mais elle n'avait pas su faire entendre raison à la noble et n'avait pu donc empêcher la pauvre femme de se faire renvoyer. Était ce donc ce que manigançait cet inconnu ? Selena le scrutait pour chercher une réponse sur ses traits. Mais l'apparence de l'homme avait beau la rebuter au plus haut point, à défaut de ne pas avoir d'idées louches, elle avait l'impression que celles-ci n'étaient pas au programme.

Se rendant compte de sa flagrante impolitesse à le dévisager ainsi, elle pris enfin la coupe en main et gouta le vin. Elle avait eu raison de le garder pour une grande occasion, il était vraiment à la hauteur de son prix. Peut être aurait il mérité de vieillir un peu plus cependant. Elle fut interrompu dans ses réflexions gustatives quand l'homme pris la parole. Ils allaient vraiment faire la causette ? Pourquoi pas après tout. Elle était toujours méfiante mais elle en apprendrait peut être davantage sur la raison de sa présence. Selena se décida à ne pas donner ses réponses habituelles à ce genre de question qu'elle servait pour couvrir les apparences dans la bonne société. Cela n'aurait sans doute pas le même impact que sur les femmes bien éduquées qu'elle fréquentait. Il lui fallait être encore plus sur d'elle et nonchalante que d'habitude.

"J'avoue avoir un penchant pour la lecture. Surtout les ouvrages d'anatomie humaine. Le corps recèle tant de secrets."

Selena avait avoué ça comme un enfant aurait avoué aimer les sucreries, c'est à dire le plus naturellement du monde et surtout sans aucune gêne. Le médecin se demandait si ce pseudo bluff n'était pas trop gros. Certes elle lisait bien ce genre de livre et en tant que médecin, elle avait déjà bien étudié l'anatomie humaine, mais elle se savait incapable de l'obscénité que ses mots suggérait. Elle n'était même pas sur de pouvoir un jour pratiquer une autopsie si jamais cela s'avérait nécessaire. Elle n'était peut être pas curieuse à ce point.

"Sinon j'aime beaucoup boire de bon vin en bonne compagnie. Et vous ... Ciel nous discutons de moi mais ne connais même pas votre nom ! Comment vous appelez vous Monsieur ?"

[ À mon tour de m'excuser pour l'attente ridiculement longue pour ce post. >:s ]

*Mais qu'est-ce que je fabrique? Je me prends pour un amateur, ou quoi? Et pis chuis pas encore sénile, donc qu'est-ce qui me prend?*

Récapitulons. Steinbeck était plongé dans une impasse jusqu'au cou; de un, il n'avait pas prévu le retour aussi rapide de Selena. Et de deux, il n'avait aucune envie de violenter l'obstacle à sa fuite discrète qu'était à présent le médecin.

Mais ça n'expliquait toujours pas pourquoi il était assis dans son salon en train de trinquer avec elle, et en plus en train de lui faire la jasette. Ni pourquoi elle n'avait pas commencé à hurler au voleur ou même de tenter de l'assommer avec une poëlle à frire (le pirate fit de son mieux pour ne pas grimacer à l'idée).... À moins qu'elle n'attende son fiancé pour que ce soit ce dernier qui lui donne la fessée?....


Steinbeck était en train de prendre une gorgée de vin lorsque la donzelle de la haute société déclara:

"J'avoue avoir un penchant pour la lecture. Surtout les ouvrages d'anatomie humaine. Le corps recèle tant de secrets."



Si l'aveu de Mussolini ressemblait à la confession d'un gamin qui aime les sucreries, la réaction de Steinbeck était sans doute semblable à celle de son dentiste devant une blague salace en compagnie de la nonne du village.

Bon, le dernier paragraphe était parfaitement incompréhensible, donc je fais la traduction: Steinbeck leva les sourcils et fit de son mieux pour ne pas cracher son vin au visage de sa victime/hôtesse/otage/preneuse en otage/ peu importe; ce qui lui est passé par la tête est indigne d'être écrit sur cet innocent forum, et le joueur craint pour les yeux des innocents et bienséants.

À défaut de pouffer de rire comme un imbécile, Steinbeck fit un bruit dégueulasse dans sa coupe avant de s'étouffer.
Magnifique.
Et ce ne fut que quelques instants plus tard qu'il pensa qu'elle voulait tout simplement dire qu'elle était un médecin. Mais c'était absurde; pourquoi une jeune femme distinguée s'intéresserait à la médecine si elle est au coeur d'une ville où elle est strictement interdite?
Sauf si....

Peut-être que...


"Sinon j'aime beaucoup boire de bon vin en bonne compagnie. Et vous ... Ciel nous discutons de moi mais ne connais même pas votre nom ! Comment vous appelez vous Monsieur ?"

*Merde, j'ai perdu le fil de ma pensée...
Hé merde, je lui dis quoi, maintenant? Elle reconnaîtrait mon visage, donc je vais pas lui dire que je m'appelle Karl De la Rochelle, alias Steinbeck, pour vous servir madame, et s'il vous plait ne portez pas plainte, j'ai déjà quelques accusations contre moi!*

Sans trop y réfléchir, Steinbeck répliqua du tac-au-tac, avec la classe d'un mec qui fait semblant qu'il ne vient pas de s'étouffer avec du vin:

"Nicolas, simple collectionneur de joujous, bricoleur, bon vivant et ennemi des sciences inexactes."

*Merde!!*