Bain de foule.

*Nom de Roy de merde... C'est pas croyable, quand même! S'il y a rien sur la coque pour satisfaire les bourgeois, les gens d'église n'y trouverons pas mieux, quoi! 'Faut vraiment que cette "Casseuse-De-Couilles De-La-Bourgogne" aie vraiment rien de mieux à faire.
Et c'est nous qui nous tapons le sale boulot...*

"Madame, reculez s'il-vous-plaît. Elle vous recevra plus tard, à l'église..."

Un soldat d'âge moyen à l'air renfrogné s'affairait tant bien que mal à éloigner une dame et probablement ses sept enfants, aux regards plus piteux les uns que les autres, de la distinguée Ismeraude De La Bourgogne. Elle était accompagnée, ce jour-là, par un individu pour le moins marginal, sans oublier sa garde personnelle formée de dix hommes. Deux religieuses taciturnes fermaient le cortège.

La mère, droite et silencieuse jusqu'à lors, retourna légèrement la tête l'espace d'un instant pour mieux jauger l'étranger. Cet homme venu d'en bas ne lui inspirait pas vraiment la confiance, ni même la sympathie, et - après un nouveau coup d'oeil, elle en était maintenant certaine - sa tenue n'aidait pas sa cause.
En effet, son allure penchant entre "l'artiste campagnard" et le "riche excentrique" n'avait rien de rassurante. Et c'était sans parler de ses cheveux à la couleur si peu commune! Même Raphaël n'avait pas...

Ismeraude détourna le regard, se mordit subtilement l'intérieur de la joue et serra systématiquement le noeud qui lui enserrait la taille. Qu'avait-elle encore à penser à ce vulgaire énergumen?...

Elle décida de se changer les idée en entamant un contact plus intéractif avec l'homme aux cheveux mauves, un dénommé Alexandre du Silence.

"Huhum. Voici donc la coque de notre magnifique Vaisseau-Citadelle, navire vital à la bonne efficacité de notre chère ville sainte. Sincèrement, en cet après-midi, rien ne vaut vraiment la peine d'être vu, ici, si ce n'est la proue du vaisseau. C'est d'ailleurs là que nous nous dirigeons. Oh! Ignorez ce vieillard; il y a des gens pauvres partout, et les pauvres ne peuvent se tourner que vers le clergé... Roy s'occupera de l'aider à notre place, pour le moment.

Mais... Parlez-moi d'avantage de votre rôle ici. Vous étiez un bon croyant sur terre, déjà, c'est bien ce que vous m'avez dit?"

Mystérieusement, malgré la puissance de ses enjambées, les bottes d'Ismeraude De La Bourgogne n'émettaient qu'un faible frottement sur les planches de la coque, lui donnant presque l'air de flotter.

*Quelle plaie, ce "tour guidé"...
Roy, pardonne-moi, je ne puis point me plaindre. Il est si rare que de nouveaux religieux se joignent à ma paroisse... Peut-être est-ce dû à la disparition de la perle?... Cela n'aurait donc pas eu que des aspects positifs?
Je jure néanmoins de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour garder ton peuple sacré près de toi, ô Seigneur.*

" Mèère! Je vous en prie, amenez-moi la miséricorde de Roy!"

"Madame, reculez s'il-vous-plaît. Elle vous recevra plus tard, à l'église..."

Alors que les fidèles s'égosillaient pour tenter de s'approcher de la Mère, l'étranger qu'elle accompagnait observait les alentours, petit sourire aux lèvres. Il aimait l'impression de dépaysement que donnaient les allées de la coque, les regards curieux qu'il attirait l'amusaient, et pas même la méfiance de Mère Ismeraude de la Bourgogne aurait pu effacer son sourire. Au contraire; il avait appris qu'il n'y avait aucun mal à être sous-estimé au premier abord. Cela lui permettrait davantage de surprendre--et il ne serait jamais arrivé sur Urua s'il aurait exposé son véritable statut. Et puis, il aimait bien ses vêtements, ils étaient beaucoup plus confortables que la soutane.

Mère Ismeraude se tourna vers lui. Évidemment, elle n'était pas aussi amusée que lui, c'était écrit lisiblement sur son visage.

"Huhum. Voici donc la coque de notre magnifique Vaisseau-Citadelle, navire vital à la bonne efficacité de notre chère ville sainte. Sincèrement, en cet après-midi, rien ne vaut vraiment la peine d'être vu, ici, si ce n'est la proue du vaisseau. C'est d'ailleurs là que nous nous dirigeons."

*Au contraire, la vue est déjà assez intéressante, mais...!*

Un vieillard venait d'aggripper la cape de l'étranger. Ou plutôt, une loque humaine venait d'aggripper la cape de l'étranger. Il se retourna, non sans le besoin de réprimer le réflexe de lever son bâton de marche défensivement. Deux yeux mauves s'ouvrirent de surprise devant la charpente osseuse du vieil homme.

"Monsieur, j'vous en prie, auriez-vous un peu de monnaie ou même une croute de pain?"

"Oh! Ignorez ce vieillard; il y a des gens pauvres partout, et les pauvres ne peuvent se tourner que vers le clergé... Roy s'occupera de l'aider à notre place, pour le moment."

L'étranger aux cheveux mauves hocha la tête, et déprit sa cape de la poigne faiblarde du mendiant. Il en profita pour lui glisser deux pièces de monnaie dans la main, sourire complice et index sur les lèvres. Ses bottines légères et souples ne faisaient presque pas de bruit. Si Ismeraude semblait flotter, son nouveau 'protégé' semblait plutôt se déplacer comme un chat. Il rattrappa la Mère, marchant à présent presque coude-à-coude avec elle.

"Mais... Parlez-moi d'avantage de votre rôle ici. Vous étiez un bon croyant sur terre, déjà, c'est bien ce que vous m'avez dit?"

L'étranger hocha la tête.

"Oui, Mère. J'ai grandi dans une abbaye avant de devenir écuyer pour Barthélémy de Marseilles--lors des croisades,j'avais treize ans-- avant de m'établir à la paroisse de Genève pour de bon, lorsque sieur Barthélémy fut sacré Père de Genève..."

Le visage du moine se rembrunit.

"Par contre, il y a une crise à Genève, et pas même la brigade inquisitoriale n'a jugé sécuritaire de rester à confronter l'adversité. J'ai été le dernier à partir."

Il se mordit la joue pour ne pas en dire plus. Ismeraude et lui-même étaient dans un lieu public, après tout; il ne pouvait pas se permettre de dire qu'il était indirectement en partie responsable de la chute de la paroisse Génévoise, pas en public!

" En somme, je suis présentement un religieux sans paroisse, et j'étais venu pour ressourcer ma foi. Et si possible, peut-être même m'établir ici, à votre service."

Il demeura silencieux en arrivant à la proue de la Nymphe, devant la vue de l'océan de nuages qui s'étendait jusqu'à l'horizon. Malgré son optimisme forcé, il semblait vouloir dire quelquechose. Le reste de la garde et les autres religieux étaient hors de portée d'ouie, alors il se permit cette imprudence.

"Mère Ismeraude, pardonnez mon indiscrétion, mais..."

L'optimisme avait disparut, et Ismeraude se vit confrontée à deux yeux aussi mauves que ses cheveux qui la regardaient avec un brin... d'anxiété?

"...qu'en est-il advenu de Frère Daeron? Ça fait depuis plus d'un an qu'il n'a répondu à mes lettres..."

Il avait connu Daeron losqu'il avait 21 ans, lorsque Mère Cho et l'inquisiteur d'Urua étaient venus visiter Genève pour y établir la brigade inquisitoriale. Certes, Daeron, étant interverti et glacial, n'avait pas vraiment lié d'amitié avec lui, mais le Génévois ne pouvait tout de même s'empêcher de se préoccupper pour un 'compagnon d'armes' avec qui il avait gardé une correspondance datant de six ans.

Et peut-être qu'Ismeraude aurait un indice de qui il était réelement, si elle se remémorait la correspondance du défunt inquisiteur avec un de ses homologues sur terre, avec qui il s'échangeait des tactiques, des stratégies et même quelques annecdotes quant à la 'bataille' contre les hérétiques.

[J'aime pas particulièrement. Vais m'améliorer aux prochains posts, le temps que je me mette plus dans ce perso. :I ]