Journée banale sur la Tempête

[J'espère que ceci vous plaira. Ça fait un bout de temps que je n'ai pas composé, maudites études! Enfin! Me revoilà!!]

{PV à qui le souhaite, se trouvant sur la Tempête évidement...}

C'était une journée pas trop moche. Le vaisseau fendait les nuages dans cette grande étendue de ciel. Parfois, le soleil osait faire un petit salut à l'équipage avant de retourner derrière un autre nuage, comme s'il fut gêné ou peut-être intimidé par la présence imposante de la flotte dans ce ciel pourtant si grand. La Tempête Rouge ouvrait le bal. À son bord, tous s'activait à la tâche. Tous? Non, bien sûr. Il y en avait toujours un ou deux qui réussissaient à se sauver du champ de vision du capitaine et se la couler douce. Aujourd'hui, une brunette s'ennuyait, assise sur un baril quelconque. Personne ne semblait faire attention à sa présence plutôt passive.

Un tapage de casserole monta des cuisines, suivit de quelques vociférations. Un singe orangé sortit de la cave et alla se poser sur l'épaule de la brunette, un pomme dans la gueule. Ses cris auraient pu passé pour un rire mesquin. Le cuisinier arriva peu après et s'arrêta juste aux côtés de la jeune fille, complètement rouge.

- Kyt, si tu veux pas voir ton sale macaque finir comme plat principal, va falloir qui arrête de venir se servir directement dans le garde manger!!!

- Oh, allez, il avait tout simplement faim. Et puis, ce sale macaque comme tu dis, a un nom. Spike. Si tu lui montrait plus de respect aussi...

- Et toi arrête de te foutre de ma gueule! Sinon, c'est toi que je vais servir à l'équipage se soir!

Et ceci dit, il tourna les talons et retourna dans la cale du navire. Le peu de distraction de la journée venait de partir. Kytta se remit donc à observer les nuages glisser sur la coque. Il n'y avait rien à faire... et ça faisait un bon moment qu'ils n'avaient pas mis le pied à terre, du moins, pas depuis la dernière semaine. Pour quand était prévu le prochain arrêt? Pour un pillage ou une simple virée dans un bar, peu importait. Pourvu qu'il y avait de quoi pour se divertir...

En fait, ça faisait près d'un an qu'elle n'était sortit de la routine. Un an auparavant, elle avait finalement fait la connaissance du pirate indépendant qu'elle admirait de réputation, elle s'était fait capturée sur à Urua, avait été torturée et, surtout, avait fait un horrible saccage dans le palais royal. C'est après avoir passée une semaine complète sur le minuscule navire de Nick, le pirate indépendant, qu'elle avait retourné la Tempête. Puis, il y a eu la mort/disparition (je crois que ce n'est pas encore mis au clair) de Kellian et l'espèce de saoulonne, seconde du capitaine, Naomie, avait prit les commandes. Les choses n'ont pas vraiment changées pour Kytta. Elle est toujours sous les ordres de quelqu'un et rêve du jour où elle aurait son propre navire et pourrait faire sans avoir un fatiguant qui lui crit sans arrêt des ordres.

-Il n'y a jamais rien à faire ici!!

[Je me permets de répondre... je comprends pleinement le problème des études Kytta, c'est pour ça que j'espère que ce post est acceptable (en d'autres mots, pas trop dégeux...]

Lilith était adossée contre le mât principal. Elle ne faisait rien... Ou plutôt, elle flânait, ne trouvant pas beaucoup de choses à faire lors de cette journée au ciel trop variable. Généralement, Lilith attendait avec impatiences les escales. Urua ou n’importe lequel autre endroit, peu lui importait, mais elle adorait mettre le pied à terre (si on peut dire). Dès que la Tempête Rouge arrivait à un port, Lilith se trouvait à être la première à quitter le vaisseau : elle se propulsait par-dessus la rembarde avec une agilité surprenante, sinon effrayante (elle y était habituée, depuis le temps qu’elle faisait cela). De nature plutôt curieuse, Lilith explorait toujours les lieux, guidée par ses sens, à la recherche de bouquins. Ne sachant lire, elle allait trouver le premier livre venu et forçait quelqu’un à le lire à voix haute pour elle. Il se trouvait que cela était un moyen efficace pour apprendre...

Mais, cette journée là, Lilith ne faisait rien. Ils n’étaient pas accostés et elle n’avait pas de livre. Autant l’exploration que l’enrichissement étaient hors de question... Lilith ne put réprimer un soupir de découragement.
Au début de l’après-midi, par pur ennui, Lilith avait sortit ses dagues. Elle avait commencé à les aiguiser systématiquement : chose tout à fait inutile puisque les lames étaient en un parfait état (Lilith en prenait vraiment trop soin). Elle avait aussi sortit de l’huile pour pouvoir graisser la longue chaîne reliant ses poignards – chose aussi futile que de tenter d’aiguiser les lames.

Mais, n’ayant rien à faire, Lilith ne s’en plaint pas. Savourant le vent un frais sur son visage, elle frottait les lames de ses poignards ensembles, créant ainsi un son métallique et aussi agressant qu’étrangement mélodieux. Alors qu’elle écoutait le crissement du métal sur du métal, le son d’une cuisine en branle-bas de combat lui parvint aux oreilles.

La jeune femme tourna la tête en direction du son. Lilith écouta la voix du cuisinier donner des ennuis à Kytta à propos de son singe – qu’elle entendit traverser la coque à petits pas rapides pour rejoindre sa maîtresse. Ce que le cuisinier pouvait donner des enmerdes, parfois!

Lilith entendit alors l’exaspération de Kytta – qu’elle reconnut à sa voix de soprano*. "Il n'y a jamais rien à faire ici!"

Lilith tourna son visage masqué vers sa camarade.
"Surtout lorsqu’il fait nuageux !" ajouta-t-elle. "C’est chiant : d’ici deux heures, il va pleuvoir !" Étant aveugle, les sens de Lilith ne la trompaient jamais. Elle pouvait percevoir toutes sortes de choses à même les pores de sa peau ! Jusqu’alors, elle ne s’était jamais trompée à propos de la météo. "Ce qu’il peut enmerder, ce cuistot, t’es pas d’accord Kytta ?" Il était vrai qu'il y avait peu de choses à faire sur le navire et Lilith tentait simplement de maintenir la conversation.

[*Désolée si tu n’est pas soprano, Kytta! Je tâcherai de corriger XD ]

(Et voilà le justicier des cieux qui se tape l’incruste! Enjoy!)

Il y avait maintenant un an que la flotte avait attaqué la cité sainte d’Urua, la plus grande erreur qu’elle eut jamais commise. Elle y perdit son capitaine, Kellian Dolovan, et son organisation s’écroula dans l’anarchie. Jusqu’à ce que cette rouquine reprenne les choses en main. Par le Roy! Damien avait peine à croire que cette hurluberlue qui avait passé à deux doigts de coulé son navire pour le remercier de l’avoir sortie du merdier dans lequel elle c’était foutue en s’endormant sur le champ de bataille, avait maintenant des prétentions sur le titre de Capitaine de la flotte pirate. Le Faucon Noir n’avait jamais été à l’aise de servir la flotte sous le règne de Dolovan, ce maniaque assoiffé de carnage et de richesses, et prêter serment à une saoulonne débridée, rousse de surcroit, ne lui plaisait pas d’avantage. Mais avait-il seulement le choix? Naomi avait déjà rallié la moitié des anciens pirates à sa cause, et menaçait déjà de réquisitionner les navires restants si leur capitaine ne rendait pas une petite visite à la Tempête au plus vite. Laisser la Voie et Sigma entre les mains d’une dépravée était une perspective encore plus sombre que celle de servir ladite dépravée, et donc Damien Saint-Onge, le Faucon Noir, était sur la piste de la Tempête Rouge, depuis deux jours maintenant.

Mais s’il y avait quelque chose à accorder au Grand Rouge, c’était sa vitesse. Il n’avait pas la masse imposante ni l’armement démesuré de l’Étoile de Brume, le vaisseau de commandement de la ville sainte, mais sa forme effilée lui prodiguait un aérodynamisme difficilement égalable. Et lorsque qu’un tel navire sillonne une mer de nuages comme il le faisait en ce moment, le retrouver n’était pas de tout repos.

Mais Damien avait confiance de finir par le trouver. Les rumeurs le localisaient dans le secteur, et les sens éthérés de Sigma les guidaient au travers de la brume. La question n’était donc pas s’il allait finir par trouver le nouveau capitaine en chef, mais plutôt s’il allait le faire avant que son caractère lunatique ne lui donne l’envi irrépressible d’éventrer le Faucon Noir. Eh non! Naomi n’était pas réputée pour sa mémoire : elle devait déjà avoir oublié le service que Damien lui avait rendu.

Les nuages étaient teintés de gris lorsque la Voie passa à un cheveu de s’écraser contre la coque du Grand Rouge. En panique, Damien activa les freins manuels qui, combinés aux contrôles éthérés de Sigma, causèrent une décélération difficilement contrôlable. Damien finit le visage écrasé contre la baie vitrée de son navire.

« Sigma, lève l’étendard, marmonna-t-il en se tâtant le nez, qui s’était mis à saigner. Se serait le comble si cette dépravée ouvrait le feu. »

Le fantôme ne prit pas la peine de répondre, elle leva le drapeau à la tête de mort au dessus de la cabine, annonçant l’allégeance du navire. Ils étaient maintenant libres d’aborder. Du moins, Damien l’espérait.

Sur la coque du Grand Rouge, personne ne sembla remarquer l’aristocrate. Les pirates se livraient à leurs occupations habituelles, légèrement fébriles à la perspective de l’orage qui s’annonçait. La tête rousse de Naomi n’était nulle part à être vue. Probablement dans sa cabine, à l’intérieur. Damien voulu en être sûr, aussi localisa-t-il deux jeunes femmes qui semblaient bien moins occupées que les autres. Après avoir jeté un dernier coup d’œil à la Voie du Millénaire, qui s’était éloignée de la Tempête pour rejoindre les rangs des autres navires, il s’approcha du duo.

« Excusez mon intrusion mesdames… pourriez-vous m’indiquer où je pourrais trouver la capitaine? »

Sa démarche et son sourire trahissait sa confiance débordante. En fait, la question qu’il se posait en ce moment était si les deux gentes dames devant lui le replacerait en tant que Damien Saint-Onge, pirate éprit de justice, capitaine de la Voie du Millénaire et alchimiste à ses heures… non pas qu’il en doutait.

[Lilith, il n'y a pas de problème pour la voix. Je la vois moi-même soprano. Le détail qui n'est pas tout à fait juste, c'est Spike. C'est le nom du singe, pas du cuisinier. J'ai pas été assez claire je crois. Désolée.]


Ce fut à sa grande surprise que Lilith répondit à sa remarque. Ce n'était pas qu'elle n'avait pas remarqué sa présence, mais elle n'attendait tout simplement pas de réponse. Kyt connaissait les sens très aigus de la jeune femme du à son sens manquant de la vue. Lilith l'a toujours intriguée en quelque sorte. Comment pouvait-on être aussi agile et indépendante sans pouvoir voir quoique ce soit? Kyt avait même une certaine admiration, car elle ne saurait comment survivre sans ses yeux. En même temps, une certaine crainte subsistait en elle. Cette facilité à tout connaître, son environnement complet sans la vue et la facilité à prévoir la météo, c'était presque machiavélique... c'était peut-être ça aussi ce qui lui plaisait chez cette Lilith.

-En effet, il est vraiment un emmerdeur! Il n'a jamais aimé les animaux... surtout Spike. Je comprends pas, pourtant, mon Spike est si gentil!

Elle posa sa main sur la petite tête de l'animal qui lança le reste de sa pomme par dessus bord. L'animal descendit ensuite de l'épaule de sa maîtresse pour se percher tout près de l'ancienne acrobate. Il osa même poser un pate sur le bras de cette dernière pour examiner ce qu'elle était en train de faire.

-Il a l'air de t'apprécier par contre!

Lilith, étant aveugle, ne pouvait voir le sourire qui s'était dessiner sur les lèvres de la jeune brunette, mais elle pouvait plus que facilement le deviner au son de sa voix. Son humeur s'était amélioré. C'était agréable de voir que ce n'téait pas tout le monde qui était contre sa petite boule de poils orange.

-Au moins s'il pleut, ça nous fera peut-être un peu d'action à bord...

Au même moment, un drôle de moineau un peu trop chic au goût de Kyt arriva à l'improviste. Il ne faisait défénitivement pas partie de l'équipage habituel. Il leur demandait tout bonnement et d'une politesse presque ridicule où il pouvait trouver l'incompétante Capitaine. Ce n'était pas que Kyt ne pourtait pas Naomi dans son coeur, c'est seulement qu'elle ne pouvait tout simplement pas la sentir.

-Elle est dans son bureau... enfin si t'es chanceux et qu'elle ne s'est pas endormie à côté d'un baril de rhum dans la calle. Sinon, on peut savoir à qui on a à faire?


(Désolée pour l'attente, mais l'école achève la semaine prochaine! Sombre que j'ai hâte!)
(Naomi, je n'ai rien contre toi, c'est seulement mon personnage qui n'est pas encore sortie de sa crise contre l'autorité. Sans rancune!)

[Désolée Kytta! XD J'avais mal lue!]

-En effet, il est vraiment un emmerdeur! Il n'a jamais aimé les animaux... surtout Spike. Je comprends pas, pourtant, mon Spike est si gentil!
dit Kytta.

Au même moment, Lilith sentit l'une des pattes du petit singe se poser sur son épaule. Elle sourit. Même si elle ne pouvait pas voir Spike, elle l'avait toujours considéré comme étant une créature adorable. Un peu espiègle et intelligent, Lilith trouvait que le petit animal avait quelques ressemblances avec elle-même - et aussi avec sa maitresse. Leurs personnalités semblaient toujours parfaitement synchronisées.

Lilith caressa doucement le poil du petit singe du bout des doigts, laissant la fourure lisse glisser sur ses phalanges, envoyant des sensations douces aux travers des nerfs sensibles de sa peau.

Elle prennait carrément plaisir à flatter la petite boule de poils. D'ailleurs, Spike était l'un des seuls membres du vaisseau qui osait la toucher sans sa permission. La plupart des membres de l'équipage insistaient toujours pour lui demander s'ils pouvaient lui toucher... Lilith avait horreur de ce sentiment de pitié que les autres avaient à son égard!

Par contre, Lilith appréciait grandement Kytta. Celle-ci avait rapidement compris que Lilith pouvait sentir et voir à sa façon ce qui se déroulait autour d'elle. On pouvait donc l'approcher sans qu'elle sursaute ou se demander se qui se passe. C'est d'ailleurs pour cela que Lilith adorait Kytta: elle la comprennait et elle pouvait semer la joie autour d'elle comme les rayons du soleil! Lilith ne pouvait jamais s'empêcher de sourire dans les environs de Kytta - même lorsqu'elles s'emmerdaient complètement!
Et, bien que Lilith n'avait jamais osé aborder le sujet avec Kytta, elle l'admirait beaucoup pour son courage durant l'attaque. Lilith avait été mise hors combat très rapidement: la détonation d'un coup de cannon ayant été beaucoup trop près de son oreille, elle s'était retrouvée totalement désorientée, dans le noir total pour la première fois depuis qu'elle avait perdue la vue. Elle n'avait eut d'autre choix que de se laisser choir dans un coin, cachée, et attendre que la battaille finisse.
Lilith avait entendue, de la part de plusieurs camarades, certaines horreurs que Kytta avait vécue, mais elle n'avait jamais entendue sa version de l'histoire. Ce qui était certain, c'était que Lilith éprouvait à l'égard de Lilith beaucoup d'admiration pour son courage... Et elle trouvait merveilleux à quel point celle-ci pouvait rester sympathique malgré ce qu'elle avait vécue.

Au moment où Kytta aborda le sujet de la pluie, Lilith se redressa, comme un animal à l'affut d'un danger approchant. Elle sentait de legers frissons parcourir les planches du vaisseau sous ses pieds. Quelqu'un avait monté sur le navire - il ne pouvait en être autrement. Et, selon le son des pas qui approchaient, c'était un homme de taille assez grande, et, puisque ses pas étaient assez légers, il devait être assez élancé...

Lilith fronça les sourcils. *Qui est-ce?*

L'homme demanda alors d'un ton agréable, mais trop poli - utilisant ce que Lilith aimait appeler "un language recyclé" - où il pouvait retrouver la nouvelle capitaine. Il y avait comme de l'appréhension dans sa voix... quelqu'un qui connaissait les excès de Naomi, peut-être?

-Elle est dans son bureau... enfin si t'es chanceux et qu'elle ne s'est pas endormie à côté d'un baril de rhum dans la calle. Sinon, on peut savoir à qui on a à faire? demanda Kytta, froide comme glace. Lilith eut de la difficulté à réprimer à ne pas s'esclaffer - un léger rire échappa à ses lèvres malgré elle. Elle trouvait la réponse de Kytta à la politesse excessivement insipide plus qu'approprié. *Dans le mille, Kyt!*

Lilith aquiesça d'un hochement de tête. "Kyt a raison! Où sont vos manières?"
Le ton de Lilith était plein de sarcasme, surtout lorsqu'elle se mettait à vousvoyer. Elle était rarement sincère lorsqu'elle disait "vous"...

[Désolée, il se peut que ce ne soit pas très inspirant... moi aussi je suis en train de finir mes exams ]

Une autre journée tranquille pour la Tempête Rouge. L’air était humide, signe que la pluie tomberait bientôt sur le vaisseau principal de la flotte des pirates de l’air. Ce jour-là, Naomi était sobre. D’ailleurs, elle l’était depuis plus de six mois. Son poste de capitaine de la flotte lui avait conféré une certaine brillance d’esprit, juste ce qu’il faut pour lui faire réaliser qu’elle devait maintenant être responsable.

[ Vous y avez quand même pas cru, hein? XD … Okay, on recommence tout! ]


« SOMBRE PUITS BÂTARD DE L’OBSCUR! »

Naomi était d’excellente humeur cette journée-là.

*Flash back*

Depuis un an, la Tempête Rouge était pratiquement devenu un vaisseau fantôme. On ne le voyait plus; c’était comme s’il avait disparu en même temps que Dolovan. Le nouveau capitaine, Naomi, n’avait pas l’âme d’une conquérante sadique et assoiffée d’or, comme son prédécesseur. C’était le genre à paresser toute la journée, pendant que les membres d’équipage s’emmerdaient ferme. La rouquine n’avait pas beaucoup d’initiative, et mettre pied à terre la terrifiait. Quitter son navire était impensable. Jamais elle ne pourrait laisser sa calle, pleine de rhum, à la merci des voleurs sans pitié de ce monde. Voilà pourquoi elle ne faisait que rarement escale, et quand cela se produisait, elle ne posait jamais un orteil hors de son navire.

Donc, par cette belle journée ensoleillée, quoi qu’humide, le capitaine de la Tempête était dans son bureau. Par la fenêtre, elle regardait les nuages d’un œil distrait, une bouteille de rhum à la main. Le soleil traversait la vitre et chauffait la pièce, lui procurant un état de somnolence avancé. La rouquine se cala dans son énorme chaise. Après une bonne gorgée de rhum, elle ferma les yeux. Pas un bruit ne venait troubler le parfait silence qui régnait sur le navire à ce moment… Du moins jusqu’à ce que les ronflements monstres de Naomi se fassent entendre.

Sur le pont, les membres d’équipages tournaient en rond. Puis, dans un vacarme digne de toute la subtilité dont il était capable, le cuisinier vint troubler l’harmonie du moment.

- Kyt, si tu veux pas voir ton sale macaque finir comme plat principal, va falloir qui arrête de venir se servir directement dans le garde manger!!!

Le capitaine s’était réveillé en sursaut, du rhum se répandant partout sur le plancher et sur son bureau. Les yeux ronds comme des pièces de monnaie, elle regardait avec horreur le liquide se déverser sur les lattes de bois et les documents.

« SOMBRE PUITS BÂTARD DE L’OBSCUR! »

*Fin du flash back*

La rouquine monta en trombe les quelques marches qui menaient au pont. Arrivée à destination, elle nota tout de suite l’horrible personnage qui se tapait une incruste sur son vaisseau. Comme cette journée s’annonçait merdique! Naomi avança vers ses membres d’équipage qui discutaient avec le Faucon Noir. Elle titubait légèrement, ses vêtements imprégnés de l’odeur du rhum. Bon, elle n’avait pas la classe de môsieur le pigeon, mais au moins elle avait la décence de venir lui parler.

- Elle est dans son bureau... enfin si t'es chanceux et qu'elle ne s'est pas endormie à côté d'un baril de rhum dans la calle. Sinon, on peut savoir à qui on a à faire?

Naomi était peut-être un peu pompette, mais ses oreilles avaient très bien capté les mots « si t’es chanceux et qu’elle ne s’est pas endormie à côté d’un baril de rhum dans la calle. » Essayant de rester calme, la jeune femme décida de la jouer cool. Elle n’avait rien entendu, tout allait pour le mieux.

« Tiens, si c’est pas le macaque… » dit-elle en regardant Kytta droit dans les yeux. « Bonjour Spike! » ajouta-t-elle ensuite en adressant un sourire radieux au singe.

Naomi arrêta sa marche un instant pour observer la scène. Vraiment, tous y étaient. Manquait seulement son stupide cabot, mais bon, il se serait ramassé des coups de pieds pour aller voir ailleurs, alors… M’enfin, pendant ce temps, quelque part dans les dédales obscurs de la boîte crânienne de la rousse, un cerveau se mettait en fonction.

« Because the old black rum's got a hold on me
Like a dog wrapped round my leg
And the old black rum's got a hold on me
Will I live for another day?
Hey, Will I live for another day? »

Oui, c’est à peu près tout ce que la matière grise de Naomi était capable de produire. Elle fredonnait sa petite chansonnette, l’air gai et ne se souciant pas le moins du monde de ce qui l’entourait. Puis, elle se reconnecta avec la réalité et son regard tomba sur Damien.

« Toi… T’as pas amené ton fantôme ici, hein? J’veux pas de cette saloperie sur MON vaisseau. » Après un temps de réflexion, la capitaine pensa qu’il serait bienvenue de faire les présentations. « Ah ouais, les filles, j’vous présente Damien St-Onge. Un hurluberlu qui doit sûrement être ici pour me quêter de l’or. » dit-elle en regardant le Faucon avec mépris, et une once de peur. Sa dernière rencontre avec le pirate de l’air lui avait laissé des souvenirs qu’elle préférait oublier. Et lentement, la voix de Sigma semblait s’insinuer dans sa tête et résonner en écho. Qu’est-ce qu’elle pouvait être maboule, Naomi…

[Pour la chanson, elle existe vraiment! XD C’est « Old Black Rhum » du groupe Great Big Sea, que j’affectionne particulièrement. Voici un lien vers la chanson, sur de jolies images de Pirates des Caraïbes. ---> https://www.youtube.com/watch?v=admx0WApzbE ]

[Bon, bon, bon! La gang, on traine de la patte! En fait, j'espérait que Damien réponde - tu me déçoit, même si je ne te connais pas, lol. Enfin, on peu pas le faire poster par magie ]

« SOMBRE PUITS BÂTARD DE L’OBSCUR! »

Lilith tressailla violement sous le coup du sursaut qui la secoua en entendant le cri de la Capitaine. Elle se tapota un peu l'oreille pour tenter de la débloquer: ses typants sensibles avaient mal réagits à la voix agressante dont avait fait usage Naomi.

*Et merde! Elle est de mauvaise humeur... Tant qu'elle ne tue personne, je suppose que ça pourra s'annoncer comme une bonne journée!*

Elle sentit alors sur les lattes du pont les pas de quelqu'un qui s'avançait vers le petit groupe formé de Kytta, d'elle-même et de l'autre énergumène. Les pas étaient chancelants et irréguliers, certains beaucoup plus lourds que d'autres... la démarche typique de quelqu'un bourré. L'odeur de rhum transporté en grandes bouffés par le vent manqua quasiment d'étouffer Lilith qui pensait devenir pompette à l'odeur seule. Pour les sens aiguisés de Lilith, la Capitaine empestait à plein nez!!

Ensuite, Naomi fit une remarque assez désobligeante face à Kytta. Même si Lilith ne pouvait pas voir que Naomi s'adressait à Kyt en parlant de "macaque" elle le sut par le ton un peu vengeur de Naomi et par la gentillesse mielleuse avec laquelle elle s'adressa au véritable singe. Lilith en fit une moue offusqué.

*Honnêtement! Elle n'a pas à s'en prendre aux autres si ils disent la vérité!*

Mais cette pensée un peu méchante fut vite effacé lorsque Naomi se mit à chanter. C'était probablement l'ivresse: mais plusieurs notes sonnaient faux. Lilith tira la langue en horreur.

Bientôt, Naomi se resaisit et présenta l'étranger. « Ah ouais, les filles, j’vous présente Damien St-Onge. Un hurluberlu qui doit sûrement être ici pour me quêter de l’or. »

Lilith manqua d'éclater de rire. "Damien St-Onge?" dit-elle en mettant beaucoup d'emphase sur le nom de famille. "Quel nom grotesque! Si j'étais toi, je changerais de nom tout de suite. T'es pirate ou académicien, bordel?"

Et oui, Lilith était charmante avec les étrangers...

[Bon, d'accord, je suis fénéant... et puis? XD Plus sérieusement... insulté Damien sur son nom était probablement la pire idée que tu puisses avoir de ta vie, Lilith ^^]

Damien était déçu. Non pas qu’il s’attendait à un accueil chaleureux de la part d’une bande de pirates, qui de toute évidence l’estimait tout autant qu’ils les estimaient, eux, mais il se serait au moins attendu à ce qu’elles l’aient reconnues. À quoi bon s’être exilé de la cité sainte pour apprendre les arts anciens des druides et des sorciers, avoir perdu sa famille à la furie inquisitrice d’une vieille harpie et avoir construit l’engin volant le plus sophistiqué de tous les temps, si c’était seulement pour passé inaperçu dans une foule de racaille sans valeur.

…
…

À bien y pensé… Peut-être que Damien préférait justement ne pas être reconnu par ce genre de personne. Après tout, ce n’était pas de ces gens qu’il préférait s’entourer… s’ils ne savaient qui il était, c’était peut-être mieux comme ça, au moins la piraterie ne lui collait pas encore à la peau.

Sa déception fut donc brève lorsque Kytta lui demanda qui il était. Il esquissa même un sourire, se rappelant comment Naomi c’était réellement endormie dans SA calle l’année précédente, et la foire qui avait suivit… De toute évidence, cette fois-là n’avait pas été une exception. L’idée de devoir se mettre au service d’une telle dépravée le mettait mal à l’aise, mais l’amusait aussi au point tel où il sourit malgré le ton froid de la pirate en orange.

Il allait répondre lorsqu’un petit rire à sa gauche attira son attention. La deuxième pirate, de toute évidence, qui se marrait pour une raison que Damien ne voulait même pas connaître. Elle lui demanda ensuite avec un ton franchement agressant par son ironie « où était passé ses manières ». La réplique empestait la provocation, mais Damien était au dessus des moqueries faiblardes des pirates, aussi ignora-t-il simplement Lilith. Il se contenta de la regarder un instant, décidé de lui montrer par ses yeux tout le mépris qu’il avait pour sa pitoyable existence de corsaire. Mais son regard se heurta à un bandeau violet. Un sourire se dessina sur le visage du Faucon Noir. Les pirates du Grand Rouge s’adonnait au colin-mayard dans leurs temps-libre? À moins que l’impertinente qui tentait de se moquer de son rang de la sorte fût, en plus d’être une saloperie de pirate, une nuisance aveugle? Il avait déjà plusieurs autres handicapés porter le même bandeau, surtout dans les cercles de sorciers qu’il avait fréquenté sur terre. L’idée confirma à Damien que la remarque de Lilith ne méritait pas de réponse.

Il allait donc l’ignorer et se présenter à la seule présente qui méritait un temps sois peu de lui adresser la parole. Mais avant d’avoir eu le temps de répondre à Kytta, un immense « SOMBRE PUITS BÂTARD DE L’OBSCUR! » emplit le pont de la Tempête, suivit par les pas lourds de sa capitaine qui débarquait. Elle s’approcha du groupe, et après quelques actions très peu glorieuses, mais très Naomi-esque, la présenta à ses deux subordonnées. Au moins, Damien savait qu’elle avait une meilleure mémoire qu’un poisson rouge : elle se souvenait de ses mésaventures sur la Voie… il en avait douté, jusqu’à présent…

La présentation que lui fit Naomi ne le montrait pas sous son meilleur jour, mais il n’eut pas le temps de se défendre avant que la tache aveugle à sa gauche passe un autre commentaire. Elle aurait dit n’importe quoi d’autre, et Damien l’aurait ignoré, comme précédemment. Mais personne n’avait le droit de s’en prendre à son nom, et à sa famille. C’était tout ce qui lui restait, et sa seule motivation : celle qui donnait un sens à sa vengeance et à sa chute dans la piraterie. Il se tourna vivement vers Lilith et pointa son bras vers elle. Son pistolet avait entretemps disparu de sa hanche pour venir se loger entre ses doigts :

- Tu as très précisément dix secondes pour retiré ce que tu viens de dire, conasse. Jamais personne n’a essayer d'insulter le nom des Saint-Onge en ma présence et vit encore pour s’en vanter. Je ne laisse pas ma famille être trainée dans la boue par les gens civilisés, alors ce n’est sûrement pas une raclure de ton espèce, pirate et aveugle de surcroit, qui va dire quoi que ce soit.

Puis il commença le compte à rebours.

Et oui, Damien était charmant lorsqu’on parlait de sa famille…

[J'aime le retour du "être charmant lorsque..." Bon, tu vas me trouver un peu fofolle avec le post qui suit - je te demande pardon d'avance! XD D'ailleurs, l'insulte c'était juste pour trouver une excuse pour faire avancer la conversation Mais ta revanche avec le "tache aveugle" est pas mauvaise! lol ]

Lilith avait passé son insulte à la légère, comme ça, simplement parce que ça l'amusait. Lilith détestait s'emmerder. Et quand un emmerdant venait l'emerder, c'était une situation où Lilith pouvait rapidement dépasser les bornes... et oublier ses manières. [désolée, Damien! ]

De toutes façon, Lilith était une fauteuse de trouble... et elle en était fière. La où il y a trouble, il a du risque et, là où il y a du risque, il y a beaucoup de divertissement. Il ne va pas sans dire que Lilith adore prendre des risques... c'est peut-être le fait d'avoir été funambule au cirque qui lui donne ce comportement difficile à manier...

Peu importe. Elle avait lancé son insulte. Lilith préférait - et de loin! - provoquer un étranger dont elle ne connaissait pas encore tous les plis et les manoeuvres que de se bagarrer avec Naomi qui, bien qu'explosive, devenait casse-pieds, presque soporifique, en querelle si on la connaissait trop...

C'est pour cela que Lilith ne put s'empêcher de sourire en entendant le pistolet de Damien St-Onge se braquer sur elle. Elle reconnut l'arme tout de suite: pistolet à mèche avec un silex de taille moyenne et un pommeau de bois - le son aurait été différent si il avait été de métal. L'arme était chargée: ça empestait la poudre noire à plein nez!

Le sourire de Lilith était devenu carrément espiègle. Les mots de Damien St-Onge semblaient la réjouir plutôt que de la troubler ou de la pousser à retirer ses mots: "Tu as très précisément dix secondes pour retiré ce que tu viens de dire, conasse. Jamais personne n’a insulté le nom des Saint-Onge en ma présence et vit encore pour s’en vanter. Je ne laisse pas ma famille être trainée dans la boue par les gens civilisés, alors ce n’est sûrement pas une raclure de ton espèce, pirate et aveugle de surcroit, qui va dire quoi que ce soit."

Souriant toujours, se donnant un air taquin qui ressemble à celui des chats ayant faits une bêtise, Lilith répondit à Damien sur un ton narquois.

"Je n'ai pas cherché à insulté ta famille... t'es complètement sot, ou quoi? J'ai parlé de toi uniquement. Ta famille... pff!" Lilith expira pour illustrer son propos. "Rien à faire!"

Le ton de voix de Lilith changea soudainement, comme un ciel ensoleillé qui se couvre soudain de nuages très noirs. Sa voix était devenue grave, comme pour avertir Damien.

"Tu peux m'insulter comme tu veux. Mais tu me sous-estime parce que je suis aveugle..."

Lilith posa une main sur son arme, qu'elle avait passé l'avant-midi complet à aiguiser. Les lames de ses dagues étaient - indéniablement - bien affilées. L'arme en main, Lilith se leva et... disparut?

Non: en fait, elle se tenait simplement derrière Damien, tenant la pointe d'une de ses dagues dans le creux de ses reins, chatouillant ce point fragile du corps de la pointe accéré de son arme. Lilith eut un petit rire sarcastique.

"C'est toujours une erreur de croire que l'autre a une faiblesse... Mais, c'est pas grave: j'attendais un adversaire pour tuer le temps."

La voix de Lilith était hypocrite, provocante... Elle chuchota presque ces mots à l'oreille de Damien...

Avant de se retourner vers Naomi, comme un chat dans le tort: "Je peux m'amuser Cap'taine?"



[Ouf, désolée pour ce comportement bagarreur de la part de Lilith. Je suppose qu'elle s'emmerdait vraiment! XD Naomi, je compte sur toi pour reprendre le controle de la situation lol >>Edit Admin: Mauvaise idée ... Re: trop LOLLLL!! ça risque de donner un post cocasse: plus aussi emmerdant qu'au début, tehe!]

(Et voilà, un nouveau post, un nouveau retournement tiré par les cheveux, (comme il s’en fait beaucoup dans le ciel d’Urua ^^) et une magnifique occasion de montrer le côté « bricoleur » de notre ami l’alchimiste/justicier/idéaliste/pirate. C’est parti!)

Damien crut d’abord que Lilith n’avais pas réalisé qu’elle avait un pistolet braquée sur elle. Après tout, il lui aurait vraiment fallut être inconsciente pour poursuivre dans le chemin de l’insolence tout en sachant pertinemment que le jouet du Faucon Noir s’apprêtait à vous transformer en passoire. Inconsciente… ou très confiante en ses habilités.
"Je n'ai pas cherché à insulter ta famille... t'es complètement sot, ou quoi? J'ai parlé de toi uniquement. Ta famille... pff!" Lilith expira pour illustrer son propos. "Rien à faire!"

Pas chercher à insulter sa famille… elle était complètement sotte, ou quoi? En se moquant d’une manière, certes indirecte, mais sans équivoque du nom de famille de Damien, elle ridiculisait par le fait même toute sa lignée. Cette fille avait vraiment besoin d’un cours sur les mœurs des familles bourgeoises. Mais Damien n’eut pas le temps de répliquer, l’aveugle avait momentanément disparue, pour réapparaître quelques instants plus tard dans son dos.

"Tu peux m'insulter comme tu veux. Mais tu me sous-estime parce que je suis aveugle..."

Qu'elle avait laissé tomber avant d’attaquer. Il fallait avouer que c’était effectivement ce que venait de faire Damien, qui n’avait jamais cru qu’une femme puisse être si rapide si elle ne voyait pas où elle allait. Et voilà qu’il se retrouvait prit par derrière, sentant l’acier acéré frôler ses vêtements : situation embarrassante. Mais il en fallait plus pour que le Faucon Noir perde son sang froid. Elle voulait probablement seulement l’impressionner, sinon il aurait déjà été réduit en un amas de chaire sur le pont de la Tempête, et aurait donné bien du travail aux pauvres mousses dégoutés. Elle avait réussi son pari, dans une certaine mesure, mais elle ne l’aurait pas deux fois, et Damien ne comptait pas amoindrir ses exigences en matière d’excuses. En fait, malgré sa situation précaire, la confiance du Faucon n’était même pas ébranlée. Les paroles que Lilith chuchota à son oreille suffirent à lui arraché un rictus.

Puis, profitant de l’instant où l’aveugle s’était retournée vers sa capitaine (Pourquoi est-ce qu’elle faisait ça, de toute façon? Ce n’est pas comme si elle avait besoin d’établir un contact visuel…) pour se dégager dans un tourbillon de son manteau. Les lames chaînées de Lilith ne manquèrent pas de lui en déchirer un morceau, mais heureusement il ne les sentit pas pénétrer la chaire de son flanc. Pendant qu’elle demandait à son chef l’autorisation de réduire Damien en charpie, les sens de Lilith s’étaient détournés un bref instant de sa proie, et se fut suffisant pour qu’elle s’échappe. Et même si elle aurait effectivement pu l’embrocher, l’aurait-elle fait sans la permission de sa capitaine? Damien en doutait, après tout, il restait un pirate, malgré son apparence hétéroclite dans le milieu.

Toujours reste-t-il que le Faucon avait reprit une distance respectable avec son adversaire, et que son pistolet était de nouveau braqué sur elle. Cette fois, il ne se laisserait pas berner, le moindre mouvement de l’handicapée et sa peau inutile allait pouvoir servir de carburant pour la Voix.

« Intéressant… je n’avais jamais compris ce que mes vieux professeurs me racontaient, sur terre, lorsqu’ils parlaient du « troisième œil ». Je suppose qu’ils faisaient références aux réflexes et aux sens surhumains que tu possèdes. C’est un échange des plus équitables, lorsqu’on traite avec l’invisible. Mais tu ne travailles pas avec les esprits des forêts allemandes, très chère. Tu es difficilement un adversaire à ma mesure, ton handicap est trop flagrant. Ne pense même pas faire un mouvement, j’ai des bons réflexes aussi tu sais, et ils sont sur le qui vive. J’attends toujours les excuses, les moqueries à l’égard de mon nom restent une insulte à ma famille, quoi que tu en dises. »

Il parlait fort, le Faucon Noir, mais un petit stress avait pointé à la surface de sa peau. Il était bon tireur, certes, mais cette fille restait incroyablement rapide. Le meilleur moyen de se tirer de cette situation était encore de la forcer à cracher ses excuses. Et le meilleur moyen de l’y forcer était en lui crevant son troisième œil. Alors qu’il tenait toujours Lilith en joue de sa main droite, sa main gauche se glissa dans sa poche. Il en ressorti un petit objet à l’embout ovoïde, en caoutchouc, et dont était issus une tige métallique au bout évasé, un peu à la manière d’une trompette. Il le sortit de son manteau et le montra pour que tous puisse le voir.

« Tu vois ce que j’ai dans ma main gauche? Il ponctua d’un charmant sourire que Lilith ne put apprécier plus que l’objet en question. Un objet de mon invention, je l’ai baptisé le klaxon. Tu veux voir ce que fait ce jouet? »

Il appuya sur l’ovoïde de caoutchouc et un bruit strident ampli l’air. Il était si puissant, que même les pirates à bord du Marsouin Sanguinaire, pourtant à plusieurs centaines de mètres de la Tempête, dans le convoi, purent clairement en distinguer le son. Damien avait les mains pleines, aussi ne put-il pas les utiliser pour se boucher les oreilles, sinon il l’aurait fait. Ses oreilles furent donc vivement écorchées par le cri du klaxon, et il ferma les yeux sous l’effet de la douleur. Si le klaxon avait eu un tel effet sur des oreilles « normales », je vous laisse deviner l’effet potentiel sur l’ouïe surdéveloppée de Lilith…

« Ça ne va pas? Conclut Damien une fois que le silement de ses oreilles redevint tolérable. Je trouve pourtant la mélodie exquise. Tellement belle qu’il me dirait de la jouer de nouveau, à moins que tu aies encore plus beau à me faire entendre. Tu sais, quelque chose qui pourrait ressembler à des excuses… »

Il n’était même pas sûr que Lilith ait entendu, peut-être que ses oreilles étaient encore trop occupées à s’occuper des dégâts qu’avaient causé le klaxon.

Lilith s’était retournée vers la Capitaine par respect : de un, ce Damien St-Onge était un invité, quoique peu bienvenu; et de deux, c’était un des leurs (pour plus dire, il était pirate, bien qu’un peu loufoque). Effectivement, même un an après l’attaque ratée sur la cité volante, les pirates se remettaient toujours de leurs pertes catastrophales – et n’osaient donc pas liquider ceux qui étaient dans leur camp.

Elle se retournait souvent, comme elle l’avait fait, pour "regarder" les gens. C’était une combinaison d’anciennes habitudes (du temps où elle voyait encore) et une simple marque de respect : les gens ne disaient-ils pas qu’ils aimaient être regardés dans les yeux lorsqu’on leur parlait. Lilith pouvait impossiblement regarder les gens, certes, mais elle pouvait au moins leur en donner l’impression. Et, si quelqu’un avait posé la question pourquoi Lilith respectait autant la Capitaine (contrairement à l’habitude qu’elle avait face au commun des mortels): soule comme elle l’était, les sautes d’humeurs de la Capitaine étaient désagréables... et elle en aurait une si Lilith se mettait à démembrer cet énergumène nommé Damien sans permission.

Donc, Lilith attendit. Mais elle ne remarqua que trop tard son erreur : elle avait sous-estimé Damien, en ce sens qu’elle avait cru qu’il resterait plus longtemps sous l’effet de la surprise. Elle s’était trompée : profitant de son bref moment d’inattention, Damien s’était dégagé. Lilith entendit le cliquement de son pistolet à nouveau. Elle était toujours dans sa ligne de mire.

*Et merde! Il commence à m’énerver celui-là!* Les coins de la bouche de Lilith descendirent pour former une petite moue; signe qu’elle était déçue. *J’aurais tellement dû en faire un shish kebab pendant que j’en avais l’occasion... Je sens qu’il ne va pas me rendre la tâche très facile maintenant...*

Damien se mit alors à parler de ce qu’il appelait le "troisième oeil." Lilith n’avait jamais entendue parler d’une telle chose et elle trouvait l’appelation très hétéroclite. Pourtant, cela la fit sourire. L’expression lui plaisait bien.

Tant qu’elle ignora même la remarque, très insultante, de la part de Damien, insinuant qu’elle avait un "handicap trop flagrant". Elle détestait se faire dire qu’elle avait un handicap, et Damien le lui envoyait en pleine figure... Mais elle fit la sourde.

Damien qui parlait des forêts allemandes ne l’intéressait guère plus. L’Allemagne lui ramenait des souvenirs lointains – elle avait déjà su parler allemand, d’où le nom de famille "Katze" qu’elle s’était donnée – mais elle avait presque tout perdu de cette langue. Et si Damien insistait qu’elle avait insulté sa famille, libre à lui! Ce que Lilith s’en fichait, il n’en avait aucune idée.

Mais, Damien tira quelque chose de sa poche – ce devait être lui, car c’était le seul dont Lilith ne connaissait pas les maniérismes et les mouvements par coeur. Il en ressortit un object queLilith ne put reconnaitre par le son.

« Tu vois ce que j’ai dans ma main gauche? demanda-t-il. Lilith eut un petit rire amer – bien sûr qu’elle ne le voyait pas ! Idiot ! Un objet de mon invention, je l’ai baptisé le klaxon. Tu veux voir ce que fait ce jouet? »

Et un son atroce, souffrant, criard retentit. Lilith crut que le son allait lui déchirer les tympans. D’un coup, comme frappée par l’éclair, elle avait laissé tomber ses armes et porté les mains à ses oreilles, les bouchant le plus fort possible, mais le bruit continuait de percer ses tympans fragiles sans pitiée. Lilith était convaincue que la tête allait lui exploser. Ça lui faisait mal jusque dans les os, ce bruit d’enfer ! C’était l’agonie la plus totale ! Lilith ne pouvait pas supporter cette souffrance. Malgré elle, elle se mit à crier, son cri de rage et de douleur faisant forte compétition avec le son du klaxon.

Quand le bruit cessa enfin, Lilith cessa immédiatement ses cris : il en allait de son orgueil. Lilith se comptait même très heureuse de porter son bandeau sur ses yeux : cela empêcherait à Damien de voir combien il était près d’une victoire. En effet, il y avait des larmes de douleur dans les yeux morts de Lilith. Mais rien ne permettait aux autres de s’en apercevoir : Lilith ne sanglottait même pas ! Lilith était plutôt haletante ; haletante de l’effort pour se défendre contre le son agressant et, surtout, haletante de rage.

Pourtant, Damien l’avait complètement désarmée. Pour l’une des rares fois, Lilith se sentait aveugle pour de bon. Le scillement strident dans ses oreilles lui donnait presque envie de perdre l’ouïe : c’était agaçant et souffrant. Elle croyait que le son, qui ne voulait pas cesser, allait la rendre folle. Ce bruit strident l’avait réellement torturé durant les quelques secondes qu’il avait retentit.

En attendant que le sifflement suraigu dans ses oreilles disparaisse, Lilith n’avait donc pas le choix. Elle se laissa tomber à genoux... Mais ce n’était pas pour faire des excuses, comme Damien l’avait demandé. Il venait plutôt de lui déclarer la guerre... Quoique Lilith considérait qu’il faudrait peut-être négocier une trêve en attendant qu’elle en sache plus sur cette homme curieux avec son machin démoniaque appelé klaxon !

Par terre, Lilith, qui, en se tenant les oreilles bouchées, avait soudain eut l’air d’une jeune femme fragile et sans défense, retrouva toute sa confiance et son arrogance : elle avait encore un sens sur lequel elle pouvait se fier, et Damien ne pouvait rien y faire – le toucher ! À tâtons, elle cherchait ses lames qui ne pouvaient pas être tombées bien loin... et elle toucha la chaîne qui les reliait en quelques secondes.

Seulement par fièrté, pour venger son orgueil blessé par le stupide klaxon et, surtout, pour riposter à ce coup bas que lui avait envoyé Damien en la privant de son ouïe précieuse (elle entendait toujours, mais difficilement ; à travers une sorte de bourdonnement désagréable) Lilith empoigna une de ses lames et la lança, sans hésiter une seconde, dans la direction où elle avait entendue Damien lui demander de s’excuser. Peut-être qu’il y aurait des gens dans le chemin : peu importe, ils sauraient se tasser ! Peut-être que Damien ne se tenait déjà plus là, mais, au moins, Lilith ne lui laisserait pas le dernier mot (de toutes façons, selon ce qu’elle sentait dans les lattes du pont, personne n’avait encore bougé).

"Tu fais chier à la fin, maudit bâtard!" dit Lilith avec colère, plus fort qu’à la normale, car elle avait peine à s’entendre elle-même. "Honnêtement, je préfère éplucher des pommes de terres pendant une semaine plutôt que de te faire des excuses! Si tu les veux tant que ça, brûle ce sale truc ou jette le par dessus bord tout de suite!!!"

Lilith n’était pas certaine si Damien accepterait de perdre son arme, mais il fallait enclencher les négociations pour leur armistice.

[Si ça ne vous dérange pas, je vais essayer de m’incruster… de la manière la plus stupide possible. =__= J’ai pas trouvé d’autre manière pour commencer à RPer... désolé!]

Un peu avant que Damien aurait pu répondre à l’ultimatum, une réponse qui n’avait rien à avoir avec la demande de Lillith vint, telle une réponse divine tombant du ciel. Littéralement. D’abord, un petit cri. Faible au début, puis de plus en plus distinct au fur et à mesure que sa source s’approchait, avant de tomber dans les bras du Faucon Noir.

La chose ressemblait à un gamin.

Je dis bien la chose, puisque, bien qu’il semble s’agir d’un minable et rachitique garçon qui soit tombé du ciel, il aurait été impensable qu’un être humain puisse être aussi sale; il était tellement crasseux que ses vêtements en étaient raides et ses cheveux pouvaient même défier toute loi de la physique. Et quelle odeur! Même Spike, qui ne devait pourtant pas toujours sentir la rose, se plaqua les mains sur son nez de singe en grimaçant. La seule chose qui était éclatante chez ce garçon était ses yeux dépareillés, qui fixaient le vide, apparemment sous un état de choc. Puis un chapeau de feutre vint les cacher.

Lorsqu’il ouvrit une bouche où il manquait des incisives, sa voix était presque aussi criarde que le klaxon de Damien.

« Eh? Z’suis vivant? »

Étant donné qu’un garçon qui tombe du ciel tout simplement n’est pas chose courante, même dans le monde magique d’Urua, revenons un peu en arrière pour voir ce qui s’est passé...

*flashback*

« REVIENS ICI, SAC À PUCES!!! »
-NOOON!! »

Basile Constantin Dieudonné Languirand, dit : Puceron, Le Pou, Ti-Pou... et aussi le Sac à Puces, fuyait cinq matelots armés : l’un avait un pain de savon, un autre un bassin, un troisième une éponge... et les deux autres avaient les mains libres pour attraper le Puceron terrifié.

« Attrappe-le! »
« Moi? Non! Qui sait quelles maladies il porte, celui-là! »
« Z’ VEUX PAAAS!!! »

*Ils veulent me tuer!!!*

Puceron fit un tour complet du bateau avec ses poursuivants, avant d’arriver sur le pont, où il opta pour la meilleure solution pour éviter ce qui pouvait sans doute être une torture assurée [j’exagère, bien sûr, mais Ti-Pou a une peur bleue de l’eau, alors... XD] : il grimpa la sur le mat. Il s’installa sur une poutre horizontale, le dos à la voile de la Tempête, avant de se mettre à observer les matelots en bas, qui vociféraient mille et une insultes destinées à sa mère, avant de tourner autour du perchoir du Pou comme des vautours. Puceron soupira, la mine renfrognée.

« Bon, z’vais devoir attendre un peu pour qu’ils me fichent la paix... » maugréa-t-il en se couchant sur la poutre, avant de caler son vieux chapeau de feutre (un souvenir des mines) sur ses yeux.
Il faisait chaud et humide, et Puceron s’endormit en moins de deux...

Le Pou a le sommeil léger. Au bout d’un certain temps, il entendit un bruit indistinct; on aurait dit le cuisinier qui s’énervait contre Spike... encore une fois. Puis un autre. On aurait dit le cri de Naomi qui vient de renverser son rhum...encore une fois. Encore un autre bruit. On aurait dit deux pirates qui se bagarrent... Lillith... et un autre dont il reconnait pas la voix. Encore une fois...

... Puis un bruit strident, atroce, qui le fit sursauter. Son cri de surprise fut couvert par l’affreux bruit.

« C’EST QUOI, ÇA?!?! »

Puceron n’eut qu’à peine le temps de relever son chapeau, qu’il s’aperçut que quelquechose n’allait pas, mais vraiment pas du tout : Il était en train de perdre l’équilibre sur son perchoir.

« ah...! »

Il essaya de s’agripper du mieux qu’il pouvait à la poutre ronde et glissante sous ses mains moites, mais déjà, le vide sous lui semblait vouloir l’aspirer.
En bas, presque immédiatement sous lui, Lillith vociféra quelquechose. Puceron n’était pas en état de comprendre ses mots. Il était en train de tomber dans le vide...

« GYAAAAAAAAH!!! »

Quelquechose, ou plutôt quelqu’un, l’empêcha de s’écraser sur le sol et se casser le cou. Pas parce que l’individu était venu à sa rescousse, mais plutôt parce qu’il était là, par hasard.
La chance a souri à Ti-Pou, pour une fois.

« Eh? Z’suis vivant?? »

Retour à la case départ.

[Bon, je suis vraiment désolée pour ma réponse quelque peu tardive, mais mon ordinateur fait encore des siennes. Ce que la technologie peu me tomber sur les nerfs des fois!

Euh... on a plus de capitaine???? C'est quoi cette blague??? Bon, j'avais une superbe idée pour riposter à l'insulte... mais j'en ferai donc fi. ]


Elle ne venait pas de donner l'information où pouvait ce trouver son capitaine que Naomi arrivait derrière l'inconnu. Ce fut par une insulte à peine subtile qu'elle fut salué. Enfin, si on peut appelé cela une insulte, puisque Kytta avait un grand respect pour les macaques, contrairement ce qu'elle avait comme respect pour sa supérieure. Donc, si cette dernière ne la considérait pas de la même espèce qu'elle, il en devenait presque un compliment. Kyt n'eu, par contre, tout simplement pas le temps de répliquer que la dite supérieure se mettait à chanter.

*You-pi... (dit de façon très, très sarcastique!) elle divague encore!*

Ce ne fut après que le Damien en question fut présenté. Seulement, à regret, kyt n'eu pas la chance de donner son commentaire que Lilith le faisait déjà. Elle l'avait au moins fait avec le plus grand art. Puis, tout se passa un peu trop vite pour Kyt. Damien menace l'aveugle de son pistolet, Lilith prend l'aventage par sa vitesse presque impensable sur le nouveau et Damien reprend à nouveau le dessus en profitant d'un instant de distraction de sa rivale. Kyt ne s'en faisait pas pour son amie jusqu'à ce que Damien sorte son 'Klaxon'... Un son démoniaque sortit de cet instument.

"SOMBRE PUIT D'OBSCURE!!!"

Son seul réflexe fut de jurer... et de se boucher comme elle pu les oreilles avec ses mains, naturellement. Spike en fit de même. C'est reconnu que les animaux ont l'ouïe plus développée que la moyenne des hommes, mais Lilith, étant largement au-dessus de la moyenne, devait en être presque devenue sourde. Cette dernière semblait en avoir prit un cout, mais surtout à son orgueil. C'était aussi ce que Kyt admirait chez elle, elle ne se laissait jamais abattre, peu importe la situation.

Puis, soudainement, quelque chose de bruyant et de nauséabond tomba du ciel directement sur Damien.

"Tu tombe bien toi!"

Et c'était le cas de le dire. Profitant de ce moment de distraction générale, Kyt en profita pour se jeter sur le klaxon et l'arracha des main de son propriétaire. Elle se retira quelques pas plus loin pour voir venir les probables coups de Damien, mais aussi pour éviter d'être trop près de Ti-Pou. Elle l'aimait bien ce petit personnage tout à fait charmant personnage, mais pour ce qui est de l'odeur, on y repassera.

"Ouais, tu peut pas ssavoir à quel point tu tombe bien!!! Alors hm... Damien c'est ça? Maintenant que je détiens ton petit klaxon qui te donnait ton avantage... que comptes-tu faire?"

Le klaxon dans sa main gauche, Kyt porta sa droite sur le paumeau de son épée, prête à toutes éventualitées.

"Je ne tiens pas à me battre contre toi, quoique ça pourrait être des plus intéressants, mais tu as déjà entâmée un duel. Je voulais pas m'imiscer entre vous deux, mais Sombre! ce truc est vraiment trop horrible, pour moi, pour Spike et pour tout le monde!!!"


[Bon, l'inspiration n'était pas tellement au rendez-vous, mais je crois que je viens quand même de donner un minimum de contenu pour continuer... et je serai là pour répondre rapidemment après vos postes, c'est juré!!!!]

[Bon, bah… je crois que je vais répondre…]

Une odeur forte désagréable parvint à l’odorat fin de Lilith bien avant le cri perçant du jeune mousse qui tombait du mat. En effet, bien que Lilith avait toujours un peu de difficulté à entendre à cause des séquelles du klaxon (en reconnaissait ainsi difficilement les gens par la voix) elle n’en devina pas moins qui schlinguait aussi fort. *Il n’y a que Pou-pou qui puisse suinter à en tuer les mouches!*

Lilith eut un léger étourdissement, comme toujours lorsque Puceron s’approchait trop rapidement. Pour une raison X, les sens suraigus de Lilith n’étaient jamais prêts à recevoir la nuée abjecte qui se dégageait du petit mousse. Plus d’une fois, comme celle-ci, Lilith manquait toujours de perdre connaissance lorsque la senteur lui frappait les narines. Elle réprima un toussottement avec difficulté.

Par contre, à peine s’était-elle remis du coup porté à ses sens, Lilith ne put s’empêcher de ressentir une poigne d’inquiétude face à Puceron. S’il tombait vraiment du mat, alors il tombait de très haut – pourvu qu’il ne se fasse pas mal! Oui, bien qu’il ne sentait pas la rose, Lilith aimait bien (pour ne pas dire "adorait") Puceron. Pour elle, il était comme un petit frère et il lui rappelait ses jours au cirque et ses mois d’esclavage… En quelque sorte, ils avaient partagés la même histoire. Pour le moins qu’on puisse dire, Lilith avait un sentiment d’appartenance avec ce petit frère fétide.

Mais il n’y eut jamais d’impact. Du moins, pas d’impact assez fort pour signifier que Puceron s’était écrasé sur le pont. Il y avait une sensation étrange dans les planches du navire, comme si quelqu’un avait plié les genoux pour amortir un choc… Quelqu’un avait-il, par chance, attrappé Ti-Pou au vol? Peu après cet impact bizarre, Lilith sentit qu’un objet heurta le sol (un petit objet) et quelqu’un se diriger vers le point ou le bidule en question était tombé…

*Merde ! Je n’y voit plus clair du tout! (oui, Lilith était parfois sarcastique à l’égard de son handicap) Que se passe-t-il en ce moment ?*

Lilith sentit alors un corps heurter les planches du pont avec fracas, à plusieurs mètres d’elle vers sa gauche. Était-ce Puceron qui venait tout juste de heurter le sol ? Non, c’était fort peu probable. S’il venait tout juste de frapper le sol en tombant directement du mat, il n’aurait pas eut la capacité de se mouvoir (s’il avait réussit à survivre) pourtant, il bougeait… Et ça ne pouvait-être que Puceron : le nuage malodorant semblait s’être déplacé avec la masse du garçon.

Lilith le sentait se relever, mais elle préférait l’ignorer pour l’instant. Elle aimait bien son "petit frère", mais son ouïe commençait à revenir en force (Lilith en eut presque un mal de tête : tout lui revint avec une force comparable à une explosion – le bruit frappait violemment ses tympans atteints, mais, heureusement, l’effet ne dura pas plus que quelques secondes) et Lilith voulait vraiment saisir mieux la situation.

"Ouais, tu peux pas savoir à quel point tu tombe bien!!! Alors hm... Damien c'est ça? Maintenant que je détiens ton petit klaxon qui te donnait ton avantage... que comptes-tu faire?"

*Je vois! Kyt, merveilleux!* pensa Lilith avec un élan de joie. *Brillante idée de lui prendre son klack-son (d’ailleurs, c’est quoi ce mot?)à ce crétin batard! Voir que j’allait presque lui présenter des excuses… Il peut se les mettre où je pense!*

Lilith entendit le bruissement d’un vêtement, hors de tout doute le bruit d’un manteau que l’on retirait… C’était donc Damien qui avait attrappé Puceron? Un sourire espiègle se dessina sur les lèvres de Lilith. *Ce cher Puceron!* pensa-t-elle avec affection. *Si seulement j’avais les yeux pour voir ça! La réaction de Damien devait être inestimable à voir!*

Lilith fit alors entendre à Damien qu’il en avait fait assez et que, s’il poursuivait, il risquait de déclarer la guerre à plus d’un des membres de l’équipage du Grand Rouge. Lilith l’entendit remettre son manteau avant qu’il ne réponde :
« Est-ce que j’ai vraiment un choix? Je ne suis pas pour te le reprendre des mains par la force, ce qui m’attirait les foudres de tout le reste de ton équipage. Je ne suis pas non plus pour demander à Sigma de bombarder ce pont. Non seulement le klaxon ne serait pas sauvé, mais j’aurais la totalité de la flotte à mes trousses. Sans compter que je risquerais fort d’y passer. Non, je n’ai pas le choix. L’aveugle peut garder ses excuses pour l’instant, je trouverai bien un autre moment pour les lui arracher. Maintenant redonne moi mon klaxon. Tu n’as aucune idée du travail que j’ai mit dans sa confection, il ne faudra pas que ta salle main de profane bousille des mois de travail. Si se serait le cas, je te jure que je ferai fis de toutes les autres conséquences possibles et je te descendrai ici et maintenant. Et je suis assez bon tireur, ne t’inquiète pas. »

*Quelle arrogance!* [elle ne remarque pas sa propre arrogance…]

Lilith fronça les sourcils, d’humeur à faire une grimace tant elle était en rogne contre Damien. Non, mais! Pour qui ils se prennait? *Au moins, c’est bon de savoir qu’il tient à son stupide machin de klack-son! Ça nous fait quelque chose à marchander contre cet imbécile!*

Ne souhaitant pas laisser Kytta seule face à un idiot qui pourrait lui tirer dessus simplement pour récupérer un sale jouet au son fort désagréable, Lilith décida de se joindre à nouveau au conflit. Et, maintenant qu’elle entendait de nouveau et que Damien était, en quelque sorte, désarmé, les filles avaient peut-être l’avantage.

D’un pas incroyablement rapide, Lilith se précipita vers Damien. Sauf qu’elle ne le toucha jamais. Elle l’évita avec une souplesse fulgurante, passant comme un chat en fuite près de lui, et plongea vers l’endroit où elle estimait qu’elle avait laissé tomber son arme… Elle ne s’était trompée que de quelques centimètres et, bientôt, Lilith se tenait derrière Damien faisant tourbillonner une des lames au bout de la chaîne avec nonchalence. Le bruit de la lame qui fendait l’air n’était pas nécessairement de bon augure… Elle laissait la dague virevolter en cercles autour de son poignet qu’elle agitait lestement.

Profitant du fait que Damien était pris entre elle et Kytta, Lilith en profita pour enfin tourner son attention à ses camarades.

"Je te remercie, Kyt! Veux-tu laisser l’insolent partir, ou as-tu une meilleure idée ?" son ton était narquois et elle souriait avec un amusement qui rappelait l’expression d’un chat qui jouait avec une souris. Si Kytta voulait laisser Damien partir, elle le laisserait, mais sinon…
"Au fait, Puceron, rien de cassé?" dit-elle gentiment au garçon qui devait s’être remis du choc de sa chute.

Damien, quand à lui, elle l’ignorait carrément. Elle s’adressait aux autres comme s’il n’était pas là. Un arrogant pareil ne méritait pas qu’on lui parle.